Abruzze

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  • Amédée Tardieu
  • Encyclopédie moderne

Abruzze. Le pays d’Abruzze, situé presque au centre de l’Italie, comprend l’ancien pays des Prælutii, des Marrucini, des Amiternini, des Marsi, des Vestini et des Hirpini. On a beaucoup discuté sur la véritable étymologie de ce nom, mais on s’accorde actuellement à croire que la capitale des Praetutien Interamnia Prætulia, portait aussi le nom d’Aprutium, et que ce fut là l’origine du nom moderne. L’Abruzze resta sous la domination des empereurs d’Orient jusqu’à la fin du sixième siècle ; alors Autharis, roi des Lombards, ayant conquis une grande partie de l’Italie méridionale, donna l’Abruzze au duc de Bénévent, qui établit à Teramo un châtelain pour gouverner tout le pays : il est fait mention dans Paul Diacre du Gastaldatus Teramnensis.

L’Abruzze, comme tout le duché de Bénévent, passa ensuite au pouvoir des Normands, et tous les évêchés de cette province furent soumis directement au saint-siége. L’empereur Frédéric II établit au treizième siècle un justiciariat de l’Abruzze, et fixa la cour générale à Solmona. Plus tard, Charles Ier d’Anjou, d’autres disent Alphonse Ier d’Aragon, le partagea en deux parties, parce, qu’il dépassait en étendue les autres justiciariats ; il y eut alors une province citérieure à droite et au Sud de la Pescara, et une province ultérieure à gauche. Il paraît que l’Abruzze ne comprenait pas à cette époque les comtés d’Amiterne, de Valva, ni de Forcone.

Vers 1684, le marquis de Carpi, vice-roi (les vice-rois avaient remplacé les justiciers), partagea, par ordre de Charles IV, l’Abruzze en provinces de Chieti, d’Aquila et de Teramo, et assigna à chacune une audience provinciale, composée d’un président, d’un procureur fiscal et de deux auditeurs, forme conservée jusqu’en 1806 : alors on appela Abruzze Citérieure, la province de Chieti ; Abruzze Ultérieure 1re celle de Teramo ; et Abruzze Ultérieure 2e, celle d’Aquila. Ces dénominations furent définitivement adoptées en 1816.

L’Abruzze est un pays de montagnes : c’est là que finit l’Apennin central et que commence l’Apennin méridional ; et le mont Velino est le point de cette division. Cette montagne, calcaire et schisteuse, en quelques parties même granitique, est haute de 2494 m. et domine au Nord la vallée où coule la Pescara et au Sud le lac de Celano. C’est en Abruzze aussi que se trouvent les plus hautes sommités des Apennins ; on remarque sur cette partie du faîte, le mont Corno, la cime la plus élevée du Gran sasso d’Italia et en même temps de toute la péninsule (2902 m.) ; le mont Calvo au Nord d’Aquila, le mont Corbaro au Nord de Celano : du mont Velino part le sub-Apennin romain qui couvre tout le pays situé entre le Salto, le Tibre, la Liri et le Garigliano. L’Abruzze Ultérieure première est traversée en tous sens par les contre-forts de la partie la plus élevée des Apennins qui composent le rameau dit Tronto-Pescara, rameau du versant Nord-Est de l’Apennin central. Le Nera-Salto et le Salto-Teverone, rameaux du versant Sud-Ouest de l’Apennin central, couvrent une partie de l’Abruzze Ultérieure deuxième, et le Pescara-Sangro, rameau du versant Nord-Est de l’Apennin méridional, couvre l’Abruzze Citérieure.

Les rivières les plus remarquables de l’Abruzze sont : le Tronto, qui prend sa source dans le district d’Aquila près de Montereale, traverse le district de Cività Ducale, passe à Amatrice, entre dans les États de l’Église, forme, dans la partie inférieure de son cours, une partie de la limite entre la délégation d’Ascoli et l’Abruzze Ultérieure première, et se jette dans l’Adriatique après un cours de 20 lieues — Le Vomano, qui prend sa source à 3 lieues au Nord-Est d’Aquila et se jette dans l’Adriatique à 2 lieues Nord-Est d’Atri après un cours de 16 lieues. — La Pescara, nommée Aterno dans la partie supérieure de son cours, naît aussi dans la vallée d’Aquila, baigne cette ville et Acciano, tourne au Nord-Est passe à Popoli et à Pescara et tombe dans l’Adriatique après un cours de 30 lieues — Le Sangro sort du district d’Avezzano (Abruzze Ultérieure deuxième), sépare en partie l’Abruzze Citérieure du Sannio et tombe dans la mer au pied de la tour de son nom, après un cours de 30 lieues — Le Trigno sépare en partie l’Abruzze Citérieure du Sannio et se jette dans la mer au Sud-Est d’Il Vasto. D’autres rivières encore prennent naissance dans les Abruzzes, mais n’acquièrent d’importance que hors de ces provinces : ce sont le Garigliano, le Salto, le Veliuo. — Dans le district d’Avezzano (Abruzze Ultérieure deuxième) s’étend le vaste lac de Fucino ou de Celano, long de quatre lieues et large de deux ; ce lac, encaissé entre divers chaînons de l’Apennin central, est alimenté, par de nombreux cours d’eau qui descendent de ces montagnes ; il a souvent des crues extraordinaires, dont l’empereur Claude voulut prévenir les suites désastreuses en conduisant les eaux du lac par un aqueduc dans le Garigliano, à travers le mont Salviano, et que Jul. Obsequeus a décrites.

L’Abruzze Ultérieure première, limitée par le Tronto du côté des États de l’Église, et par la Pescara du côté de l’Abruzze Citérieure, est divisée en deux districts : Teramo au Nord et Civita di Penne au Sud, et subdivisée en 17 cantons (circondarii) et en 72 comuni principali auxquelles sont réunis 90 villages et casali d’après la circonscription administrative du 1er mai 1816. Teramo, capitale de la province, occupe en partie l’emplacement de l’antique Interamnia Prœtutia, détruite dans le douzième siècle par l’armée de l’empereur Manuel, aux ordres de Michel Palæologue. Elle fut rebâtie par l’évêque Gui Ier, qui l’obtint una cum toto territorio Aprutino pro se suisque successoribus, sub titulo principatus.

L’Abruzze Ultérieure deuxième est la partie la plus septentrionale du royaume de Naples. Elle est partagée en quatre districts : celui d’Aquila au Nord (6 cantons), celui de Città Ducale au Nord-Ouest (8 cantons), celui de Solmona au Sud-Est (10 cantons) et celui d’Avezzanoau Sud-Ouest (7 cantons). Aquila, capitale de cette province, fut fondée par l’empereur Frédéric II, qui voulait protéger les frontières du royaume de Naples et particulièrement les comtés d’Amiterne et de Forcone contre les prétentions du saint-siège. Ce fut Conrad IV qui acheva de la bâtir. Elle fut presque détruite par Mainfroi, puis relevée par Charles d’Anjou et dotée par lui d’importants privilèges : le comté d’Aquila comprit, sous les princes angevins, jusqu’à 83 cantons ; mais sous la domination de la maison d’Aragon, puis de la maison d’Autriche, cette ville déchut de son ancienne splendeur.

L’Abruzze Citérieure, séparée de l’Abruzze Ultérieure première par la Pescara et de la province de Molise par le Trigno, est divisée en trois districts : Chieti au Nord (8 cantons), Lanciano au milieu (8 cantons) et Il Vasto au Sud Chieti, la capitale, est l’ancienne Teate Marrucinorum.

L’administration civile du pays d’Abruzze a pour bases les lois du 1er mai et du 12 décembre 1816, et elle est partagée en administration provinciale, administration de districts et administration communale. L’administration provinciale est confiée à un intendant qui réside dans la capitale et celle des districts à des sous-intendants ; quelques communes, surtout dans l’Abruzze Ultérieure première, ont une administration particulière et élisent leurs syndics ou décurions. — La justice est rendue au nom du roi par une grande cour civile qui siège à Aquila et dont le ressort s’étend sur les trois provinces d’Abruzze, par trois grandes cours criminelles, et trois tribunaux civils siégeant dans chaque chef-lieu de province, par des juges d’instruction dans les chefs-lieux de district et par des juges de canton, qui correspondent à nos juges de paix (conciliatori) pour les communes.

D’après les bulles émanées en exécution de l’article iii du concordat de 1818, l’Abruzze Ultérieure première est partagée en deux diocèses : celui de Teramo et celui de Penne et Atri. Avant 1818, l’Abruzze Ultérieure deuxième compreuait cinq diocèses, celui d’Aquila et ceux de Valva, de ’Marsi, de Solmona, de Città Ducale ; mais trois seulement ont été maintenus, celui d’Aquila, celui de Valva dont le siège est à Pentima, et celui de ’Marsi, dont le siège est à Pescina. Enfin dans l’Abruzze Citérieure, par la suppression du siège d’Ortona, il ne reste plus que les diocèses de Chieti et de Lanciano.

La description la plus complète, la plus intéressante et la plus sûre du pays d’Abruzze se trouve dans le 2e volume de l’ouvrage intitulé : Descrizione topografica fisica economica politica di Reali Domini al di quo des Faro nel Regno delle due Sicilie etc. di Giuseppe del Re. Napoli, 1835.

On peut consulter encore : Vivenzo, Antiche provincie del Regno di Napoli ; t. I.

Romanelli : Antica topografia istorica del Regno di Napoli (part. terza).

Tenore, Relazione del Viaggo fatto in alcuni tuoghi di Abruzzo Citeriore.

P. Ant. Corsignani, Reggia marsicana, ovvero memorie topografico stor. di varie colonie e città antiche e moderne della provincia de’ Marsi e di Valeria, compresa nel vetusto Lazio e negli Abruzzi, Napoli, 1748, 2 vol. in-4o

Ant. Lud. Antinori. Raccollta di memorie istor. delle tre provincie degli Abruzzi, Napoli, 1781-84, in-4o ; 4 vol.

D. N. Palma, Storia eccles. e civile della regione più settentrionale del regno di Napoli detta dagli antichi Praetutium, ne’ bassi tempi Aprutium, oggi città di Teramo e diocesi Aprutina, Teramo, 1832-36, 5 vol. in-4o.

Bern. Corillo, Annali della città dell’ Aquila. Roma 1570 in-4o

Ignazio di Pietro, Memorie storiche della città di Solmona, Napoli, 1804, 2 vol. in-4o

Ch. Brocchi. Osservazioni naturali in alcune parti degli Apenni nell’ Abruzzo Ulteriore.

Girolamo Nicolino. Istoria della città di Chieti.