Abydos

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Abydos, — Table d’Abydos. Les géographes anciens nomment deux villes d’Abydos :

L’une située en Mysie, sur la rive méridionale de l’Hellespont, en face de Sestos, dans un des endroits les plus resserrés, puisque Hérodote ne l’évalue qu’à environs sept stades. Ce lieu, cité par Homère, Hérodote, Thucydide, Xénophon, Diodore, Strabon, Tite-Live, Mela, Ptolémée, etc., a joué, à diverses époques, un certain rôle dans l’histoire, principalement sous le règne de Philippe II ; mais il est surtout célèbre pour avoir été, avec Sestos, le théâtre des amours d’Héro et de Léandre.

L’autre est dans la haute Égypte, près de la rive gauche du Nil. Son nom égyptien est Ebot, dont les Grecs ont fait Abydos ; c’est une des plus anciennes villes de l’Égypte, très florissante jadis, étant à la plus courte distance du Nil à la grande Oasis, et conséquemment au point où devaient déboucher les caravanes qui venaient du Darfour et du Khordofan.

Strabon parle d’un ancien édifice qui décorait cette ancienne ville, et qu’il appelle Memnonium. D’après les ruines qui en subsistent, on voit que cet édifice n’avait rien de commun, comme on l’avait cru, avec Aménophis, dont les Grecs avaient fait Memnon. J’ai montré ailleurs que le mot Memnonia désignait en égyptien un lieu consacré aux sépultures, et que ce mot, employé ici par Strabon, doit s’entendre d’un édifice analogue à plusieurs de ceux de la rive gauche à Thèbes, qui étaient des monuments à la fois religieux et funéraires.

Abydos, qui paraît avoir été un des principaux sanctuaires du culte d’Osiris, a dernièrement acquis une grande célébrité, par suite de la découverte qu’on y a faite d’une inscription hiéroglyphique qui a reçu le nom de Table d’Abydos.

Cette inscription, gravée sur le mur latéral d’un petit temple, principalement creusé dans le roc, a été découverte par M. J. W. Bankes en 1818, dans une fouille entreprise pour obtenir un plan exact des ruines d’Abydos. M. Cailliaud la trouva ensuite en 1822, et en envoya en France un dessin qui fut publié par Champollion dans sa seconde lettre à M. de Blacas. Ensuite, elle l’a été plusieurs fois : d’abord par Salt, puis successivement par MM. Burton, Wilkinson et d’autres savants. De toutes ces copies, la plus complète est celle de M. Cailliaud ; et la plus exacte, celle de M. Wilkinson. L’arrivée en Europe de cette table a permis d’en tirer des copies d’une parfaite exactitude, qui ont été publiées dans l’ouvrage de MM. Arundales et Bonomi et dans le Journal des savants de mars 1845.

Le sujet de cette inscription a été parfaitement compris par Champollion. Il y a vu une table chronologique des ancêtres de Ramessès III ou Sésostris le Grand. Le commencement manque ; mais on remonte de ce prince au moins jusqu’aux rois de la seizième dynastie, désignés seulement parleurs prénoms distinctifs ; comme ces prénoms royaux se retrouvent sur d’autres monuments accompagnés des noms propres (Ramessès, Aménophis, Thouthmosis, etc.), on applique sans difficulté ces noms aux prénoms de la Table d’Abydos ; et ce monument prend ainsi une autorité historique, à laquelle on ne peut encore rien comparer dans l’antiquité égyptienne.

M. Mimaut le fit enlever du mur, lorsqu’il était consul général de France à Alexandrie, il l’avait rapporté en France. À sa mort, la table d’Abydos fut achetée, pour le British Museum, où elle est à présent déposée.