Acanthacées

  • Botanique
  • A. Duponchel
  • Encyclopédie moderne

Acanthacées. Άκανθα, épine. Cette famille, qui appartient à la grande division des plantes dicotylédones, est composée de plantes herbacées ou frutescentes, propres aux climats chauds. Les acanthacées ont les feuilles opposées, entières ou dentées, les fleurs disposées en épi, et accompagnées de bradées à leur base. Le calice, à quatre ou cinq divisions, est monosépale ; la corolle irrégulière, souvent bilabiée, est monopétale. Le fruit est une capsule à deux loges s’ouvrant, avec élasticité, en deux valves qui emportent, chacune avec elle, la moitié de la cloison.

La famille des acanthacées a été récemment l’objet d’un travail aussi complet que possible. M. Nees d’Esenbeck, qui en est l’auteur (Acanthaceae Indiae orientalis, vol. III des Plantae Asiaticae rariores, de Wallich), les a divisées en trois tribus, les thunbergiées, les nelsoniées, les ecmatacanthées, et il a subdivisé en sept sections la troisième tribu, qui renferme le plus grand nombre d’espèces. C’est à la section quatrième, ou des acanthées, qu’appartient le genre acanthus.

Ce genre se compose d’une douzaine d’espèces presque toutes tropicales. Deux cependant, acantus mollis et spinosus, croissent sur les bords du bassin méditerranéen ; on les trouve même dans la France méridionale. Elles sont connues toutes deux par le rôle qu’elles jouent dans l’histoire des beaux-arts ; deux sortes d’ornements architecturaux leur correspondent. La première a, dit-on, donné naissance au chapiteau corinthien ; voici ce que rapporte Vitruve à ce sujet : Une jeune fille de Corinthe étant morte au moment de se marier, sa nourrice recueillit plusieurs des objets qui lui avaient appartenu, et les plaça dans une corbeille qu’elle alla déposer sur la tombe ; elle avait eu soin de recouvrir la corbeille avec une tuile. Une racine d’acanthe se trouvait, par hasard, en ce lieu ; au printemps, elle poussa des feuilles qui entourèrent la corbeille, mais qui, rencontrant la tuile, furent forcées de se recourber. Le sculpteur Callimaque, passant près du tombeau, fut frappé de l’aspect gracieux qu’il présentait, et y trouva le modèle du chapiteau corinthien.

L’acanthe épineuse, plus finement découpée que l’acanthe molle, offrant à l’extrémité de ses segments des piquants roides et aigus, semble être celle que les architectes du moyen âge ont souvent imitée, comme on peut le voir dans plusieurs édifices gothiques, et entre autres à Notre-Dame de Paris.

L’acanthe molle, sous le nom de branche ursine, était jadis employée en pharmacie comme émolliente et apéritive ; elle est aujourd’hui abandonnée.