Achromatisme
- Physique
- P. Tourneux
- Encyclopédie moderne
Achromatisme. Le lecteur a vu à l’article Aberration de réfrangibilité, que les rayons dont la lumière est composée sont inégalement réfrangibles et qu’ils donnent lieu à une image confuse des objets soumis à l’observation. Le but de l’achromatisme est de détruire ou plutôt de compenser cette différence de réfrangibilité, en faisant passer les rayons lumineux à travers plusieurs substances diaphanes, dont les pouvoirs dispersifs et les pouvoirs réfringents ne sont pas proportionnels entre eux. On appelle dispersion la différence entre les indices de réfraction des deux couleurs extrêmes d’un rayon de lumière décomposé, laquelle différence varie d’une substance à l’autre, et pouvoir dispersif d’une substance, le quotient que l’on obtient en divisant sa dispersion par son indice moyen de réfraction (celui qui appartient à la lumière moyenne du spectre) diminué de l’unité.
Il existe des substances dont les pouvoirs dispersifs sont les mêmes et les pouvoirs réfringents inégaux. On a cru longtemps l’achromatisme impossible, et Newton lui-même avait été conduit à la conséquence que la lumière ne pouvait pas être déviée sans être décomposée. Mais Euler, considérant que ce phénomène était réalisé dans la construction de l’œil, puisque cet organe a la propriété de réfracter les rayons sans altérer leur couleur, soupçonna la possibilité d’imiter la nature. Hall avait construit, dès 1733, de véritables lunettes achromatiques qu’il conservait sans publier son invention. Jean Dollon, opticien anglais, avait fait la même découverte en 1757 et l’avait rendue publique. Il trouva qu’en employant le flint-glass ou cristal artificiel et le crownglass ou verre ordinaire, on pouvait, en disposant convenablement la courbure des objectifs, atteindre un achromatisme complet.
Les prismes sont dits achromatiques, quand ils dévient la lumière sans y développer de couleurs ; les lentilles sont dites achromatiques, quand elles forment en leurs foyers des images incolores des objets. On détermine facilement au moyen du calcul quel doit être le rapport des angles réfringents de deux substances pour que leur ensemble n’imprime aucune déviation à un rayon d’une réfrangibilité donnée. L’achromatisme serait parfait si les rapports des dispersions partielles des deux substances étaient les mêmes ; mais il n’en est pas ainsi, et les indices de dispersion varient d’une couleur à l’autre dans le même rayon lumineux ; pour approcher le plus possible de l’achromatisme parfait, on est obligé d’employer un certain nombre de prismes de substances différentes.