Acide
- Encyclopédie de famille
Acide. En chimie, on comprend sous la dénomination générale d’acides des corps qui ont la propriété de se combiner avec un autre corps jouant le rôle de base pour former un sel. En soumettant le résultat de cette combinaison à l’action de la pile, l’acide se porte au pôle électro-positif, et la base au pôle électro-négatif. On donne encore pour caractères généraux des acides leur saveur particulière, plus ou moins analogue à celle du vinaigre, et la propriété qu’ils ont de rougir la teinture bleue de tournesol. Mais ces derniers caractères ne sont pas toujours faciles à reconnaître, car il y a des acides insolubles. C’est donc dans l’affinité pour les bases que consiste le caractère essentiel d’un acide. Sous ce rapport, les divers acides offrent de grandes différences : aussi les uns sont dits acides forts, les autres acides faibles.
Les acides sont divises eu deux grandes classes : 1° les acides minéraux, on anorganiques ; 2° les acides organiques, qui proviennent de substances végétales ou animales.
La plupart des acides minéraux résultent de la combinaison de l’oxygène avec un métalloïde ou un métal. On a cru longtemps, sur l’autorité de Lavoisier, que l’oxygène était le seul principe générateur des acides ; mais on a reconnu depuis qu’il y avait des acides exclusivement composés d’hydrogène et d’un métalloïde ; par exemple, les acides chlorhydrique, sulfhydrique, fluorhydrique, iodhydrique, etc. On en forma la classe des hydracides, tandis que les acides oxygénés recevaient le nom d’oxacides.
Il est à remarquer que les derniers degrés d’oxydation d’un métal constituent presque toujours de véritables acides. Tels sont les acides manganique, et permanganique, les acides ferrique, antimonique, stannique, etc. Plus la proportion d’oxygène augmente dans un oxyde basique, plus celui-ci perd sa propriété de base et tend à devenir acide, de telle façon que les composés les plus oxygénés sont généralement acides, tandis que les moins oxygénés sont basiques. Cette loi, vraie pour l’oxygène, l’est également pour le chlore, l’iode, le soufre, etc. Enfin, dans quelques cas, les acides contiennent trois corps simples. On admet alors généralement dans ces acides l’existence d’un radical composé jouant le rôle d’un corps simple.
En général, les acides contiennent une certaine quantité d’eau, qui est loin de nuire à leur action : ils portent alors le nom d’acides hydratés ou aqueux ; quand ils sont simplement mélangés avec elle, on les dit étendus. Complètement isolés de l’eau, ils sont dits anhydres, M. Bussy est parvenu à isoler l’acide sulfurique, M. Deville a isolé l’acide nitrique, et Gerhardt a obtenu le même résultat pour les acides organiques.
Tandis que les éléments d’un acide minéral sont généralement au nombre de deux, ceux d’un acide organique sont d’ordinaire plus nombreux ; mais ils ne dépassent pas le nombre de quatre, qui sont toujours l’oxygène, le carbone, l’hydrogène et l’azote, encore ce dernier ne se rencontre-t-il guère que dans la composition des acides cyanogènes. La plupart des acides organiques renferment de l’eau que les procédés ordinaires de dessiccation ne peuvent en séparer. L’hydrate d’un acide est la combinaison de 1, 2, 3 équivalents d’eau avec cet acide. On a divisé les acides organiques en acides unibasiques, bibasiques et tribasiques, selon la quantité d’équivalents de base qu’ils peuvent neutraliser. En se combinant avec un équivalent de base, les acides unibasiques constituent les sels neutres. En se combinant avec d’autres sels ils forment les sels doubles. Tous les acides organiques capables de saturer deux ou plusieurs équivalents de base sont appelés acides polybasiques. Ces acides donnent par la distillation sèche des acides pyrogénés. M. Dumas appelle conjugues, bijugués, trijugués, les acides organiques qui semblent résulter de l’union de deux ou plusieurs acides.
Pour établir une nomenclature générale des acides, on peut les distinguer en quatre genres : les oxacides et les acides métalloïdiques, les oxacides métalliques et les acides organiques.
Les oxacides métalloïdiques sont formés par la combinaison de l’oxygène avec les métalloïdes. Ils sont au nombre de vingt : les acides borique, silicique, carbonique, phosphoreux, phosphorique, hypophosphonque, hypophosphoreux, sulfureux, sulfuriquè, hyposulfureux, hyposulfurique, sélénieux, sélénique, chlorique, chlorique oxygéné, bromique, iodique, azoteux, azotique, hypoazotique.
Les acides métalloïdiques sont exclusivement formés de métalloïdes combinés deux à deux. De ces éléments, l’un est négatif et joue le rôle de l’oxygène, l’autre est positif et sert de radical : ce sont les acides fluorhydrique, chlorhydrique, bromhydrique, iodhydrique, sulfhydrique, sélenhydrique, fluoborique, chloroborique, fluosilicique, chlorosilicique. Les acides métalloïdes ont pour caractère remarquable de ne pouvoir se combiner avec les bases. Mis en contact avec elles, ils se décomposent de telle sorte que leur élément positif se combine avec l’oxygène du métal, tandis que l’élément négatif s’unit au métal lui-même. Ainsi l’acide chlorhydrique forme de l’eau et des chlorures ; l’acide bromhydrique, de l’eau et des bromures ; l’acide fluosilicique, de l’eau, de la silice et des fluorures, etc.
Les oxacides métalliques sont produits par l’oxygène qui s’unit à certains métaux ; ils sont au nombre de douze : les acidcs arsénieux, arsénique, chromique, molybdique, vanadique, tungstique, antimonieux, antimonique, colombique, titanique, mauganique et hypermanganique.
Il y a trois grandes divisions des acides organiques : 1° les acides composés de carbone et d’hydrogène ; ce sont l’acide oxalique, l’acide mellitique, etc. Ils sont volatils. 2° Les acides formés de carbone, d’oxygène et d’hydrogène ; on les distingue en acides gras, et en acides qui ne sont pas gras. Les acides qui ne sont pas gras se divisent eux-mêmes en trois groupes : d’abord les acides fixes solides, solubles dans l’eau, cristallisables, qui, lorsqu’on les distille, se transforment en acides volatils appelés pyrogénés, en eau et en acide carbonique, comme les acides tartrique, citrique, malique, tannique, gallique, mucique, quinique, etc. ; ensuite en acides fixes qui ne donnent pas de pyrogénés, comme l’acide oxalhydrique, etc. ; enfin en acides volatils de leur nature, qui par conséquent ne donnent pas de pyrogénés : acides acétique, formique, lactique, camphorique, etc. Les acides gras ont l’aspect de la graisse ou de la cire quand ils sont solides, ressemblent à de l’huile quand ils sont liquides, sont plus légers que l’eau et se dissolvent dans l’alcool, l’éther et les huiles grasses et volatiles. Ils se distinguent en deux groupes : d’abord les acides gras plus ou moins solubles dans l’eau et qui peuvent être distillés sous la pression de l’air, comme les acides caprique, crotonicpie, etc. ; ensuite les acides gras tout à fait insolubles dans l’eau et qui ne peuvent être distillés que dans le vide, comme les acides stéarique, oléique, ricinique, etc. 3° Les acides azotés. Il y en a trois groupes : les acides azotés à radical de cyanogène, comme les acides cyanique, cyanhydrique, etc. ; les acides azotés ni gras ni à radical de cyanogène, comme les acides urique, purpurique, indigotique, etc. ; les acides azotés gras, comme l’acide cholestérique, etc.