Aden

Aden, ville de la côte sud-ouest de la presqu’île d’Arabie, où les Anglais sont aujourd’hui fortement établis, est située à environ 30 myriamètres du détroit de Bab-el-Mandeb, sur le versant occidental du promontoire d’Aden, montagne escarpée et érissée de rochers. Elle possède un port excellent. Au seizième siècle le commerce de l’Inde et de l’Abyssinie fit parvenir cette ville à un haut degré de prospérité. En 1513 Albuquerque en fit inutilement le siège ; mais en 1537 cette ville fut prise par les troupe» du sultan Soliman I^er. Soumise depuis longtemps à l’iman d’Yémen, elle renvoya son gouverneur vers 1730, se choisit un chéik et se maintint depuis dans son indépendance. Le commerce s’étant habitué à prendre la route du cap de Bonne-Espérance, Aden tomba dans une décadence telle, qu’il y a peu d’années on n’y comptait pas plus de huit cents habitants. Le souverain du pays d’Aden, sultan des Abdallis, réside ordinairement à Lahadsch. En 1837 la compagnie anglaise des Indes orientales entra en négociations avec lui, d’abord à l’effet de réclamer une indemnité pour le pillage d’un bâtiment anglais échoué sur ses côtes, et ensuite pour obtenir la cession d’Aden à l’Angleterre. Les négociations échouèrent. La compagnie fit bloquer le port, et le 11 janvier 1839 la ville fut prise d’assaut par les forces britanniques. Cette place est devenue, entre les mains de l’Angleterre, comme un autre Gibraltar, situé entre l’Afrique et l’Asie. Dès 1845 la population d’Aden s’élevait a 25,000 âmes. L’Angleterre a relevé et augmenté les fortifications d’Aden, déblayé ses immenses citernes et fait de son port une espèce de port franc, avec un entrepôt de charbon pour les steamers de l’Inde. D’Aden l’Angletere domine les golfes Persique et Arabique. Elle a ajouté à cette petite possession plusieurs établissements sur la côte d’Afrique, en face d’Aden, et l’ile Perim, qui la rendent maîtresse du détroit de Bab-el-Mandeb. Les Français ont aussi voulu s’établir sur le golfe d’Aden et se sont fait céder Okok, port situé près du détroit de Bab-el-Mandeb, dans la baie de Tandjoura, sur la côte d’Afrique, en face de l’île anglaise de Moscha.