Adjectif
- Grammaire
- Bouillet, Léon Vaïsse
- Encyclopédie moderne
Adjectif. L’un des éléments essentiels du discours.
Nature de l’adjectif. Il est destiné à exprimer une qualité ou une manière d’être, comme rapportée à son sujet. Ce mot vient d’adjicere, ajouter, et veut dire qui sert à ajouter, parce qu’en effet l’adjectif ajoute au nom l’idée d’une qualité qu’on n’y remarquait pas. S’il est vrai que l’adjectif ne désigne que des idées de qualités, c’est-à-dire d’objets qui ne peuvent exister par eux-mêmes, il forme évidemment une classe essentiellement distincte du nom ou substantif, qui désigne des idées d’êtres conçus comme existant par eux-mêmes, et sans aucune dépendance ; et l’on voit ce que l’on doit penser de l’opinion de quelques grammairiens qui en font une espèce de nom sous la dénomination de nom adjectif en l’opposant au nom substantif.
Fonctions de l’adjectif. La qualité exprimée par l’adjectif peut être considérée comme actuellement aperçue dans le sujet, et peut lui être rapportée par un jugement exprès, ou bien l’association peut avoir été antérieurement formée, de manière qu’on n’ait qu’à la rappeler comme un fait déjà connu : de là deux fonctions différentes de l’adjectif. Dans le premier cas, il est attribut et est nécessairement séparé du sujet par un verbe : Dieu est tout-puissant. Dans le second, il est immédiatement joint au nom : N’offensez pas un Dieu tout-puissant.
Division des adjectifs. Il peut y avoir autant d’espèces d’adjectifs qu’il y a de manières différentes dont l’idée des choses peut être modifiée dans notre esprit. Or les choses, les idées que nous en avons, les noms que nous leur donnons, peuvent être modifiés de deux manières, soit dans leur compréhension, c’est-à-dire dans leurs qualités, soit dans leur étendue, c’est-à-dire dans leur nombre : nous pouvons concevoir les êtres comme possédant telle ou telle qualité ; exemple : ce papier est blanc ; ou comme étant un ou plusieurs, isolés ou réunis ; exemple : un homme. De là deux espèces d’adjectifs essentiellement différentes : l’une contient les adjectifs qualificatifs (que Beauzée appelle physiques parce qu’ils désignent des qualités physiquement ou réellement existant dans les êtres) ; ce sont tous les adjectifs proprement dits, blanc, noir, bon, etc. : l’autre contient les adjectifs déterminatifs ou définitifs (que Beauzée appelle métaphysiques, parce qu’ils dépendent uniquement des vues de l’esprit, et que M. de Sacy appelle circonstanciels, parce qu’ils expriment des circonstances extérieures) ; ce sont les articles, les noms de nombre. On pourrait admettre une troisième classe, celle des adjectifs mixtes, à la fois déterminatifs et qualificatifs ; ce sont ceux qui, exprimant des qualités propres à certains individus, déterminent par là même les individus dont on parle ; tels sont les adjectifs que l’on nomme si faussement pronoms possessifs, mon, ton, son, le mien, et que l’on a plus justement appelés adjectifs pronominaux.