Air

  • Encyclopédie de famille

Air, morceau de musique, tantôt fort court, tantôt très développé, dans lequel la mélodie d’une partie dominante attire principalement l’attention.

L’air vocal se règle naturellement, quant à l’expression, et par suite quant à la coupe et à l’étendue, sur les paroles que le poète a livrées au compositeur. Les airs du style d’église se composent d’un seul mouvement, si ce n’est pour certains motets, qui en admettent deux. Les airs du style de chambre sont ceux qui se chautent par amusement, et qui, destinés surtout aux amateurs, n’appartiennent pas seulement aux salons, mais, qui, reproduits avec plus ou moins d’exactitude, descendent dans l’atelier et même dans la rue, et deviennent la propriété et le patrimoine musical du peuple. C’est dans cette classe qu’il s’en rencontre que tout le monde finit par connaître, et qui dès lors sont réputés populaires. Elle renferme, sans y comprendre les airs de danse, des subdivisions fort nombreuses, en tête desquelles se placent les airs patriotiques, qui dans chaque pays ont pour objet de célébrer les hauts faits de son histoire, sa délivrance de la tyrannie étrangère ou domestique, et quelquefois de pleurer sur ses revers, de réveiller dans le cœur des citoyens l’amour de la liberté et la haine de l’oppression. À la suite de ces airs, viennent les airs tendres ou joyeux, romances, chansons, chansonnettes, les barcaroles, les tonadilles, les airs de table ou airs bachiques, etc.

C’est dans le recueil de ces airs de genres différents que l’on trouve le corps des airs nationaux particuliers à chaque peuple, et qui portent une empreinte plus ou moins vive des pays qui les ont vus naître. Chez les peuples ou la musique a fait de grands progrès et fleurit depuis longtemps, les airs nationaux primitifs ont fini par se perdre. Il suffit pour s’en rendre raison de remarquer que la plupart des timbres qui au commencement de ce siècle servaient pour les chansons nouvelles et pour les couplets des petites comédies appelées vaudevilles, sont pour la plupart abandonnés et oubliés aujourd’hui. Voilà comment l’Italie, la France, l’Allemagne ont perdu le plus grand nombre de leurs airs antiques, tandis qu’il s’en est conservé un assez grand nombre dans les montagnes de l’Écosse et de la Suisse, sur les glaces de l’Islande, de la Russie, de la Norvège, parce que dans ces lieux il s’en compose fort peu de nouveaux, et que jusqu’à nos jours, où l’on a pris la peine de les noter et de les recueillir, ils ne se transmettaient crue par tradition et ne s’apprenaient que de routine. En général les airs originaires du Nord sont mélancoliques, et, chose assez singulière, il en est de même des airs orientaux : seulement ceux-ci sont exécutés avec une si prodigieuse surcharge d’ornements de toutes sortes, que l’expression de tristesse qu’ils portent avec eux semble d’une nature fort différente.

Les airs sont, dans les opéras, une des parties auxquelles le public attache le plus d’importance. On y trouve l’air proprement dit, appelé souvent grand air, qui exprime presque toujours des sentiments élevés, des images nobles et pathétiques, ou bien dans le genre comique des idées divertissantes et bouffonnes : on distingue dans les grands airs l’air de caractère ou de sentiment ; L’air de chant ou air chantant, appelé aussi air de demi-caractère, où le compositeur cherche une mélodie vague, agréable et limpide, sans courir après une expression positive, que n’exige point la situation ; L’air déclamé et l’air parlé, où la mélodie sur laquelle se dessinent des traits d’orchestre se rapproche constamment soit du récitatif, soit même du discours habituel ; L’air de bravoure, destiné uniquement à faire briller la voix et le talent d’un chanteur habile. En Italie on établit d’autres distinctions, pour les airs de seconde partie, confiés à des chanteurs de second ordre ; les airs de convenance, que le chanteur introduit dans un ouvrage auquel ils n’appartiennent pas ; les airs de pacotille, qui sont ceux que le compositeur ou le chanteur tiennent toujours prêts pour s’en servir à l’occasion ; enfin, pour désigner un air mauvais ou médiocre, qui ne peut exciter aucun intérêt, on le nomme air de sorbet, parce que tandis que le chanteur l’exécute on se retire pour prendre des glaces.

À l’égard de la coupe d’un air de théâtre, la manière la plus usitée aujourd’hui est de présenter, après le récitatif, un cantabile qui respire la mélancolie et même la tristesse ; c’est là que le musicien doit déployer toutes les émotions de son âme. Ce premier mouvement est suivi d’un allegro, qui se termine lui-même par une coda, nommée cabalette, laquelle commence à l’endroit où l’on serre la mesure. L’air finit habituellement dans le ton où il a commencé ; mais le contraire peut arriver quelquefois. On trouve aussi beaucoup d’airs modernes formés de l’assemblage de trois mouvements différents. Les airs de plus petite dimension, appelés au théâtre petits airs, sont les romances, chansons ou cavatines ; les deux premières rentrent, sauf les convenances scéniques, dans la catégorie des airs de chambre. La cavatine appartient seulement à la musique dramatique ; c’est un air court et presque toujours d’un seul mouvement, quelquefois de deux. À elle se rapportent d’autres petits airs que l’on traite souvent en rondeau et qui en suivent les règles.

L’air instrumental est celui qui a pour organe non plus la voix humaine, mais un ou plusieurs instruments. S’il s’agit d’un air destiné à un instrument unique, exécutant tout à fait seul, ou accompagné par d’autres qui ne jouent qu’un rôle secondaire, il rentre dans la catégorie des airs vocaux en style de chambre, et c’est même souvent un de ceux-ci dans lequel seulement l’instrument est substitué à la voix ; mais au lieu de répéter la même mélodie on cherche à captiver l’attention de l’auditeur en présentant chaque couplet sous un aspect nouveau où l’on conserve le fond du thème, en renouvelant chaque fois sa forme extérieure. En ce cas, dans le langage vulgaire on désigne cet air par le mouvement indiqué en tête, et l’on dit un andante, un grazioso, un allegretto avec variations.

Les airs qui doivent être exécutés par plusieurs instruments à la fois sont de deux genres, les uns semblables à ceux dont il vient d’être question, les autres destinés particulièrement à s’unir à la danse et à en régler et diriger les mouvements et les attitudes. Ceux-ci s’appellent airs de danse, airs ballatoires ou airs de ballet.

Les airs de danse se lient intimement à chacune des danses particulières dont ils ont déterminé le mouvement, soit qu’ils s’appliquent à quelqu’une des nombreuses figures imaginees depuis trois siècles, telles que branles, gigues, chaconnes, bourrées, sauteuses, contredanses, valses, polkas, mazurkas, etc., soit qu’ils se rattachent à une action mimodramatique.