Alcararazas
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Alcararazas. La difficulté de se procurer des boissons fraîches dans les pays chauds, a suggéré aux peuples qui vivent sous le ciel brûlant de la zone torride un moyen ingénieux pour rafraîchir les liquides destinés à leur usage, et pour calmer avec délices la soif ardente qui les dévore. Cette invention, que les Égyptiens ont connue depuis un temps immémorial, a passé en Espagne avec les Arabes, et de nos jours elle s’est introduite en France.
Les vases réfrigérants nommés alcarazas sont formés d’une espèce de poterie très légère et très poreuse, qui laisse facilement suinter l’eau à travers ses parois ; le liquide se filtrant, pour ainsi dire, par tous les pores du vase, en imprègne d’humidité toute la surface extérieure, et donne lieu à une évaporation d’autant plus vive que la température de l’air est plus élevée, ou que le vase est exposé à un plus grand courant d’air. Cette évaporation ne peut avoir lieu qu’en absorbant la chaleur du liquide contenu dans le vase, dont la température s’abaisse, en conséquence, de plusieurs degrés, et produit une boisson d’une fraîcheur délectable.
La propriété réfrigérante des alcarazas résulte donc uniquement de la transsudation qui a lieu dans ces sortes de vases, et cette transsudation est elle-même le résultat d’une texture peu serrée que l’on parvient à donner à la terre cuite. Il est rare de trouver une terre argileuse qui, dans son état naturel, puisse convenir à la fabrication des alcarazas ; celle de Malaga cependant jouit de cette propriété : dans cette ville on fabrique ces vases de la même manière que la poterie commune, dont ils ne diffèrent qu’en ce qu’ils ne sont point vernis. À Anduxar, dans l’Andalousie, les fabricants mélangent avec leur argile, trop compacte, une certaine quantité de sel marin, qui a pour effet de diviser la matière, d’en écarter les molécules, et d’y produire, en se dissolvant, une infinité de petits trous. Ce mélange, qui a lieu à raison d’une livre de sel pour vingt livres de terre plus ou moins, se fait lors du pétrissage de la pâte, après avoir préparé la terre comme pour la poterie commune ; on fait ensuite cuire les vases dans un four de potier, mais en ne donnant qu’une demi-cuisson, qui dure de dix à douze heures.
M. Fourmy, déjà connu par l’invention de ses poteries salubres qu’il a nommées hygiocérames, s’est occupé le premier en France de la fabrication des alcarazas ; et il a trouvé des procédés particuliers pour faire des vases à rafraîchir, auxquels il a donné le nom d’hydrocérames.