Alcyon

  • Histoire naturelle
  • Duponchel père
  • Encyclopédie moderne

Alcyon. Les anciens avaient donné ce nom, qui rappelle la fable de Ceyx et d’Alcyone, à un oiseau de mer dont les naturalistes modernes ignorent l’espèce : les uns veulent que ce soit le pétrel ; les autres, l’hirondelle salangane, dont les nids sont recherchés par les Chinois comme un mets délicieux. Aujourd’hui ce nom est employé en ornithologie pour désigner le martin pêcheur d’Europe.

En malacologie, on désigne sous le nom d’alcyon, un genre de polypier dont l’histoire a été éclairée par les travaux de M. Savigny, et plus récemment encore par ceux de M. Milne Edwards. C’est à ce dernier savant surtout que l’on doit ce que l’on sait sur la formation et le développement de ces animaux. Il leur attribue un système de vaisseaux communs, servant à la circulation ou au transport d’un liquide nourricier. La masse commune, elle-même, pousse à l’extérieur un tubercule dans lequel on ne voit, en premier lieu, que les vaisseaux dont nous venons de parler, sans aucune trace de polypes. Ces animaux ne s’y développent que plus tard et successivement, de manière à se trouver d’abord complètement renfermés dans la masse commune, et sans communication avec l’extérieur, jusqu’à ce qu’une ouverture, venant à se former, leur permette d’étendre leurs tentacules au dehors, de se nourrir individuellement, et d’acquérir leur entier développement.

Les alcyons ont, en outre, des œufs qui prennent naissance dans des cloisons membraneuses prolongées au delà de l’estomac, s’en détachent et sortent de la cavité abdominale à leur maturité. Ces œufs, arrivés au dehors, nagent librement dans les eaux de la mer, au moyen des cils vibratiles dont ils sont revêtus, jusqu’au moment où ils trouvent à se fixer pour former un nouveau polypier.

Les alcyons varient dans leur forme encore plus que dans leur grandeur : les auteurs ne mentionnent aucune espèce au-dessus d’un mètre de hauteur, tandis que la figure de ces êtres singuliers présente mille différences souvent impossibles à décrire. Quelquefois, dans la même espèce, les uns couvrent les productions marines d’une couche gélatineuse, épaisse à peine d’un millimètre, tandis que d’autres s’élèvent et se ramifient comme de petits arbres, ou s’accroissent en masses polymorphes, pédicellées comme des champignons. Ils se trouvent rarement dans les lieux que les marées couvrent et découvrent deux fois par vingt-quatre heures ; on commence à les voir sur les rochers que les eaux n’abandonnent que pendant quelques instants, l’époque des syzygies : ils deviennent plus nombreux dans les grandes profondeurs. C’est sous les rochers, à l’abri des courants et du choc des vagues, loin d’une lumière trop vive, que ces petits animaux se plaisent ; ils y établissent leurs nombreuses colonies, s’y multiplient à l’infini, et y étalent leurs couleurs brillantes et transparentes, que l’air ternit et fait disparaître souvent dans quelques minutes. Les alcyons, sont répandus dans toutes vles mers, croissent dans toutes les profondeurs et sous toutes les latitudes ; il paraît néanmoins qu’ils sont beaucoup, plus nombreux dans les pays chauds que dans les pays froids. On en trouve de fossiles dans divers terrains, depuis ceux de transition jusqu’à ceux d’atterrissement ; ils y sont dans tous les états,’ et quelquefois en si grande quantité, que certains auteurs regardent comme des alcyons les couches et les rognons de formation crayeuse.

Parmi les espèces vivantes, et le nombre n’en est pas encore fixé, nous citerons : 1° l’alcyon orange de mer (alcyonium lyncurium, Lamouroux), ainsi nommé à cause de de sa ressemblance avec une petite orange ; on le trouve sur les côtes du Calvados.

2° L’alcyon palmé (alcyon palmatum), espèce de la Méditerranée, décrite et figurée par M. Milne Edwards, dans les Annales des sciences naturelles, tom. IV, 2e série.