Alderman
- Politique
- Aristide Guilbert
- Encyclopédie moderne
Alderman. On reconnaît d’abord à la physionomie et à la signification de ce mot qu’il appartient à un ordre social et politique antérieur à la conquête de l’Angleterre par les Normands. En effet, il vient du saxon Ealdorman, qui lui-même est un composé du qualificatif œldor et du substantif man. Exprimant la double dignité de l’âge (old) et du caractère de l’homme (man), il résume évidemment les idées d’une époque qui respectait, par-dessus toutes choses, l’autorité morale de l’expérience et de la vieillesse.
Sous la domination saxonne, la noblesse se composait de trois classes bien distinctes ; la première prenait le titre d’Atheling, la seconde celui de Ealdorman, et la troisième celui de Thane. Mais le mot Ealdorman n’était pas seulement la marque d’une noble naissance, c’était aussi le signe de plusieurs fonctions importantes. Il y avait des Aldermani regis, comitatus, civitatis, burgi, castelli, etc. Le grand dignitaire connu sous le nom de Aldermannus totius Angliœ était chargé de l’administration générale de la justice, comme le Capitalis justitiarius Angliœ des temps postérieurs, et le Lord chief justice of England de notre époque.
On donnait encore le titre de Ealdorman aux comtes (Comites) ou gouverneurs des provinces. Ceux-ci formaient une magistrature puissante, investie de presque tous les pouvoirs politiques, civils et militaires. Ils représentaient leurs gouvernements dans le Wittenagemot ou grand conseil de la nation, participaient à l’administration de la justice, et conduisaient les milices provinciales à la guerre. Aussi leur arrivait-il souvent de prendre la qualité de princes ou de vice-rois (sub-kings) dans les actes publics.
Aujourd’hui l’Alderman est une espèce d’échevin, nommé à vie par les électeurs municipaux, pour assister le maire dans l’exercice de ses fonctions. Chaque ward ou quartier ayant le droit de se faire représenter par un magistrat de cet ordre, le nombre en varie nécessairement selon le plus au moins d’importance des localités ; cependant on en compte rarement moins de six et plus de vingt-six dans les principales villes de l’Angleterre. Une loi du règne de Georges Ier attribue aux Aldermen les fonctions de juges de paix. À Londres, ils sont chargés, en outre, comme officiers de la municipalité et comme membres de ses tribunaux, de faire observer les règlements de la police et de veiller à la répression dès délits et des contraventions de tout ordre. Enfin, en leur qualité de délégués des wards ou quartiers, ils siègent sur les bancs du common council ou du conseil commun de cette grande ville.
Le lord maire est toujours choisi dans le corps des Aldermen, où il fait, pour ainsi dire, l’apprenlissage des affaires publiques. À l’expiration de sa magistrature annuelle, il reprend son ancienne place au milieu de ses confrères. Du reste, beaucoup de respect et de popularité s’attachent au titre et aux fonctions que nous venons de caractériser. C’est une haute marque d’estime et de confiance, qui conduit souvent celui qui en est investi, aux honneurs de la représentation nationale. De notre temps, les Aldermen Wood et Waithman ont été élus plusieurs fois députés de la cité de Londres à la Chambre des communes.