Alep
- Géographie
- Noël des Vergers
- Encyclopédie moderne
Alep. Au nord de la Syrie, à environ vingt lieues à l’est d’Antioche sur le même parallèle, s’élève, au milieu d’une plaine ondulée, la ville d’Alep, capitale du pachalik du même nom. Située par le 36° 11’ de latitude nord et par le 34° 50’ à l’est du méridien de Paris, Alep jouit d’un climat tempéré qui permet la culture du citronnier, de l’oranger, du jujubier, du pistachier, des fruits d’Europe et de nombreuses variétés de melons ou pastèques. Aux yeux du voyageur, qui, après une longue traversée dans le désert, aperçoit Alep du haut d’une des petites éminences qui l’entourent, la cité se déploie, grande et magnifique dans son aspect. La forteresse occupe le sommet d’une haute colline artificielle, au centre de la ville qu’elle domine entièrement. Des tours, des murailles élevées, des portes massives, de nombreux minarets s’élevant au milieu des toits en terrasses des maisons, donnent à Alep une apparence d’autant plus imposante que le pays qui l’entoure est plus inculte et plus désolé. Placée dans une campagne riante et fertile, cette grande cité n’en serait pas moins l’une des plus importantes de l’Asie occidentale ; mais elle ne frapperait pas d’étonnement l’étranger qui y arrive, ainsi qu’elle le fait quand on l’aperçoit resplendissante au sein des sables du désert. L’idée favorable que les voyageurs conçoivent d’Alep, lorsqu’ils l’embrassent d’un seul coup d’œil, ne supporte pas, il est vrai, une visite détaillée ; en franchissant les murs d’enceinte on pénètre dans des rues étroites et fangeuses, où le regard ne peut plus mesurer dans leur ensemble les riches mosquées, les bains élégants, les palais de marbre, perdus dans cet inextricable labyrinthe de petites ruelles, de longues voûtes, de passages qui composent une cité d’Orient ; c’est seulement en se rendant aux bazars qu’on retrouve, dans l’activité du commerce, dans le nombre des magasins, dans la richesse et la variété des marchandises, une preuve irrécusable de l’importance commerciale de cette ville. En effet, placée sur la route des caravanes qui du golfe Persique ou des bords de la mer Rouge se rendent dans l’Asie Mineure, Alep est l’entrepôt des précieuses denrées qui de la mer des Indes arrivent à travers le désert aux ports de la Méditerranée ; et cette heureuse position y a de tout temps attiré une population nombreuse, que, dans la pénurie d’éléments statistiques, les voyageurs ont estimée différemment, mais que l’on peut porter à près de 100,000 âmes. La ville, qui a près de trois lieues de tour, est bâtie sur la rive orientale du Kowaïk, petite rivière torrentueuse, dont les eaux disparaissent presque entièrement pendant les chaleurs de l’été. Ce n’est pas cette rivière qui alimente les fontaines de la ville, et comme l’eau des puits est saumâtre, les habitants font venir d’une distance de cinq milles celle dont ils font usage. C’est à cette eau, malgré sa limpidité, qu’on attribue la maladie endémique appelée le bouton d’Alep, espèce d’ulcère, qui, s’attaquant indifféremment aux natifs ou aux étrangers, dure près d’un an et laisse des traces ineffaçables. Le climat d’ailleurs est assez sain, l’air vif, et cette ville serait à tout prendre l’une des plus agréables de l’Orient, si le sol n’était quelquefois bouleversé par des secousses violentes de tremblements de terre. En 1822, au mois d’août, une secousse terrible renversa les deux tiers des habitations et fit périr plus de huit mille habitants : quelques mois plus tard un autre tremblement de terre venait compléter le désastre de cette malheureuse ville, qui commence à peine depuis quelques années à sortir de ses ruines. — Outre la ville d’Alep, le pachalik du même nom contient les villes moins importantes d’Antakieh ou Antioche, sur les bords de l’Oronte, d’Alexandrette ou Scanderous, de Killis, et peut-être de Schorg que d’autres géographes rattachent au pachalik de Damas. Cette province, qui compte environ 460 milles carrés et 450 mille habitants, est bornée au nord par les districts d’Adana et d’Aïntab ; au sud, par le pachalik de Damas ; à l’est par l’Euphrate et, à l’ouest, par la Méditerranée.