Alignement

Alignement. C’est la disposition de plusieurs hommes sur une même ligne droite.

Comme en géométrie deux points déterminent les lignes droites, ils déterminent aussi l’alignement. Autrefois c’était presque un art que de bien faire aligner les soldats d’un bataillon et les bataillons entre eux : mais depuis le père du grand Frédéric, qui le premier a introduit dans son armée l’alignement successif, individuel et par troupes, il n’y a pas un sous-officier de l’armée française qui n’en sache les principes, et ne puisse les bien faire exécuter.

S’il est vrai de dire que l’alignement est dans une troupe la base de l’ordre, et en fait la principale force, il ne faut pas entendre les alignements au cordeau, pour lesquels certains officiers se tourmentent si fort, ces manœuvres si bien dessinées sur une esplanade, mais si impraticables devant l’ennemi. Il faut qu’une troupe soit bien alignée, mais il semble qu’il y a de la folie à chercher là-dessus une précision rigoureuse, inutile dans la pratique, et vicieuse même pour deux raisons : 1° parce qu’on n’y peut parvenir qu’aux dépens de la célérité (chose capitale à la guerre), et que l’on prend la funeste habitude de manœuvrer pesamment ; 2° parce que cette précision géométrique étant impossible devant l’ennemi, à cause de l’irrégularité du terrain, tout alors paraît dans le désordre à la troupe accoutumée à une régularité minutieuse ; et de l’opinion du désordre naît un désordre réel.