Alleluia
- Liturgie
- Encyclopédie moderne
Alleluia. Ce mot est hébreu, et signifie : Louons Dieu. Il est naturellement emprunté aux Écritures, et a passé de là dans le rituel des Églises grecque et latine, comme une exclamation consacrée par l’exaltation religieuse. On le trouve pour la première fois dans l’Écriture au psaume 104, et il se rencontre encore à la tète d’un bon nombre de cantiques, qu’on nomme pour cette raison Psalmi alleluialici, Les psaumes 113 à 117 forment ce que les juifs appellent le grand Alleluia. Dans le Nouveau Testament, ce mot est employé pour la première fois au chapitre 19e de l’Apocalypse.
L’alleluia, qui était déjà fort en usage chez les Grecs, fut introduit dans l’Église latine par saint Jérôme, au temps du pape Damase. Dans l’origine, il ne se chantait que le jour de Pâques : sur la fin du sixième siècle, saint Grégoire le Grand ordonna de le chanter dans tous les temps. Cette prescription, suivie d’abord, fut abolie par le quatrième concile de Tolède, et l’alleluia fut suspendu pendant le carême ; il lui fut permis de recommencer à se faire entendre le jour de Pâques, et il put être chanté jusqu’à la Pentecôte dans les églises ordinaires, jusqu’à l’Épiphanie dans les couvents. La clôture de l’alleluia donnait lieu autrefois à des cérémonies bizarres, dont le Glossaire de du Cange rapporte quelques exemples: ici on enterrait l’alleluia ; là on récrivait sur une toupie, qu’on chassait ensuite hors du chœur.
Le mot alleluia servait aussi comme cri de guerre aux premiers chrétiens, et il se trouve répété à l’infini dans certains cantiques. Toutes les fois qu’il est supprimé dans le Bréviaire actuel, on le remplace par ceux-ci : « Laus tibi, Domine, rex aeternae gloriae ! » qui en sont la traduction.
Les Grecs ont été de tout temps fidèles à leur coutume de chanter l’alleluia en toute occasion, même pendant le carême, même aux offices des morts. Lors du schisme d’Orient, la suppression momentanée de l’alleluia fut un des principaux griefs des Grecs contre les Latins.