Ambre gris
- Histoire naturelle
- Bory de Saint-Vincent
- Encyclopédie moderne
Ambre gris. Substance huileuse, concrète, très odorante, d’une consistance molle et tenace comme la cire, susceptible de se fondre par la chaleur de la main, d’une couleur grise, quelquefois rousse et brunâtre, marquée de taches jaunes ou noires, dont l’odeur devient plus forte et plus suave par le frottement ou par la chaleur. On trouve l’ambre gris flottant sur les eaux de la mer, et jeté sur le rivage, principalement aux environs de Sumatra, de Madagascar, des Moluques, sur les côtes de Coromandel, du Brésil, sur celles d’Afrique, de la Chine et du Japon, et même dans quelques parties de L’Europe. Il se présente en masses irrégulières, quelquefois très considérables, et presque constamment formées de couches superposées. L’origine de cette substance a été l’objet de longues discussions. Les uns y virent un bitume, d’autres un amas fortuit de substances diverses, résidus d’une putréfaction, et quelques-uns les excréments des cétacés : peu à peu la vérité a été connue ; et le docteur Swédiaur a mis un terme à toutes les incertitudes dont ce point d’histoire naturelle était entouré, en démontrant que l’ambre gris n’est autre chose que l’excrément d’une espèce de cachalot (physeter macrocephalus, L.), le même qui fournit le blanc de baleine (adipocire). En effet, des pêcheurs ont plusieurs fois trouvé de l’ambre gris dans ce cétacé ; il est commun dans les parages qu’habite cet animal ; les masses d’ambre qu’on a recueillies renferment souvent des becs de sèche et antres débris des animaux marins dont le cachalot fait sa principale nourriture ; enfin, les excréments de quelques autres mammifères, conservés pendant un certain temps, exhalent aussi une odeur analogue à celle de l’ambre.