Amendements
- Agriculture
- Encyclopédie moderne
Amendements. Avant de classer et d’étudier chacune des substances variées que l’on introduit dans tes terres arables, dans le but de leur amélioration, nous indiquerons l’action probable de chacune des parties qui les constituent, nous verrons comment les parties se comportent les unes par rapport aux autres, par rapport à l’air et par rapport à l’eau, et nous chercherons à nous rendre compte du rôle qu’elles jouent dans l’acte de la nutrition des plantes.
Dans l’étude de chacun des amendements que nous passerons en revue, nous aurons à considérer ; 1° leur état, leur manière d’être : cet état a souvent une influence remarquable mécanique et physique ; 2° leur composition, de là leurs propriétés particulières ; 3° les modifications qu’ils peuvent éprouver dans le sol ; 4° leur faculté absorbante, qui joue ordinairement un grand rôle ; 5° et enfin de ces détails nous conclurons leur action. Nous suivrons une marche analogue dans l’examen préalable que nous voulons faire des parties constituantes du sol arable.
Les parties qui composent les terres cultivées sont :
1° La silice, 2° l’argile, 3° le calcaire, 4° l’oxyde de fer et l’oxyde de manganèse, 5° des sels variables, 6° et des débris organiques en décomposition.
1° La silice, en parcelles cohérentes plus ou moins volumineuses, n’agit guère que mécaniquement dans le sol où elle existe en quantité notable. Un sol est dit léger quand il en contient abondamment : il se soulève et se divise facilement par l’action des instruments. Si la silice s’y trouve en grains ou fragments assez volumineux pour constituer ce que l’on nomme vulgairement du sable, ou du gravier, la terre est alors très perméable à l’eau, perméable aux gaz de l’atmosphère ; elle ne se tasse pas et ne se bat pas aussi promptement que toute autre. Quand, au contraire, il existe peu de gravier, et que la silice est dans un état très divisé, qu’il s’en trouve une forte proportion en poudre très fine, presque impalpable, le sol est encore léger et d’une culture facile ; mais il se bat par l’action des pluies, et sa perméabilité diminue en raison de l’état de division et de la quantité de ce sable fin qui le constitue.
La silice a une faculté absorbante presque nulle par elle-même ; par sa présence dans un sol, quand elle est à l’état de gravier plus ou moins volumineux, elle tend à maintenir les autres parties constituantes éloignées les unes des autres ; elle les empêche de se serrer et d’acquérir de la cohérence ; son interposition tient donc le sol dans un état émietté et effrité favorable. On peut donc dire que la silice, par sa présence, facilite l’action des agents atmosphériques, air, eau, gaz divers, calorique, lumière, etc.
2° L’alumine, ou mieux l’argile, possède à un haut degré, comme tout le monde le sait, la faculté de retenir l’eau ; aussi les terres où cette substance abonde sont-elles imperméables à l’eau ; elles sont aussi la plupart du temps peu perméables aux gaz, car l’argile, dans tous les états d’humidité où elle peut se trouver dans la croûte du globe, a une texture compacte et ne se divise jamais d’elle-même. Toutefois dans les terres arables, elle est toujours pénétrée de plus ou moins de substances étrangères, toiles que le sable, quelquefois le calcaire, des matières organiques, et parfois aussi de quelques autres matières qui, par leur modification, entraînent la division de l’argile, des sulfures, par exemple. Suivant la quantité et ta nature de ces substances étrangères, les sols argileux, divisés par les instruments de labour, se pulvérisent et se délitent à Pair plus ou moins bien ; leur perméabilité augmente alors proportionnellement.
L’argile se contracte et se durcit en perdant une portion de l’humidité qui la pénètre ; aussi les terres argileuses se contractent et se durcissent par les grandes chaleurs ; elles se fendillent et offrent dans cet état peu de surface au contact de l’air, elles deviennent presque impénétrables par l’eau, et surtout par l’air et les gaz. L’argile contractée et durcie par l’effet de l’action prolongée des rayons solaires, absorbe peu de l’humidité atmosphérique ; mais quand elle est divisée, délitée par l’action d’autres matières interposées, elle jouit d’une faculté absorbante assez grande. On conçoit d’après cela que l’introduction du sable dans l’argiie, en maintenant scs parties à distance, et les empêchant d’adhérer les unes aux autres, de se durcir et de se contracter, puisse augmenter par là même sa faculté absorbante.
L’argile a encore un autre mode d’action dans les sols arables : elle s’unit intimement aux matières organiques en décomposition, elle forme un composé remarquable avec une partie de ces matières organiques altérées, elle les retient jusqu’à un certain point, et leur cède peu à peu de son humidité, ce qui facilite leur décomposition complète, et leur transformation en gaz.
L’argile s’imprègne des dissolutions de matières organiques altérées et les relient fortement. Un décilitre de jus de fumier bien noir, traité pendant un quart d’heure, à chaud, par dix grammes d’argile, se décolore presque complètement. L’argile a encore une autre propriété, qui doit comme les précédentes fixer l’attention des agriculteurs ; elle a la faculté de s’emparer du gaz ammoniac et de le retenir fortement ; il se produit alors une sorte d’aluminate d’ammoniaque. L’alcali se trouve donc fixé, et peut mieux profiler aux plantes.
Il résulte de là, que les terres argileuses s’emparent d’une portion notable des éléments des engrais, s’en saturent, et ne les cèdent ensuite que lentement aux végétaux qui y croissent : aussi, quand on fume une terre argileuse pauvre ou épuisée, le fumier ne semble-t-il produire aucun effet, l’argile l’absorbant en grande partie ; ce n’est quelquefois qu’après plusieurs fumures successives que ces terres paraissent se ressentir de nouvelles doses d’engrais.