Aménité

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Aménité, L’aménité est une de ces choses délicates qu’il est difficile de bien définir et qui menacent à chaque instant de s’évanouir sous l’analyse. C’est une qualité tout extérieure sous certains rapports, tout intérieure sous d’autres, mais toujours revêtue, parée, ornée, dans sa manifestation, de grands agréments, d’une grâce qui plaît, d’un charme qui séduit sans éblouir. L’aménité d’un lieu a pour source l’ensemble doux et harmonieux des aspects qu’il présente. Mais la douceur et l’harmonie des objets n’y sont pas tout. Une parure élégante, qui plaise par sa simplicité même, et dont la grâce riante et pure flatte agréablement la vue, entre nécessairement dans le tableau.

Du sens propre ce mot passe aisément au style figuré, et se dit du caractère, de la manière d’être d’un homme, comme du caractère et de la manière d’être d’un paysage. Dans ce sens, l’aménité est bien plus que l’affabilité : celle-ci se laisse aborder facilement, celle-là se communique gracieusement. Si elle cessait d’être doucement séduisante et gracieuse du fond du cœur, elle ne serait plus ellemême. On dit aussi un style plein d’aménité. Mais d’où vient l’aménité du style ? De celle de l’homme, sans doute. Toutefois, il ne suffit pas d’avoir de l’aménité dans le caractère pour en avoir dans le style. L’aménité est la plus délicieuse chose dans les rapports des hommes. Les femmes le pensent. Elles ont eu longtemps le privilège de l’aménité sans le savoir ; les flatteurs leur disent qu’elles le possèdent encore, et qu’il est devenu un monopole de leur sexe, grâce à la sécheresse des mœurs du jour.

C’est à Ménage que nous devons cette expression ; il eut beaucoup de peine à l’introduire dans notre langue. On n’osait encore s’en servir au commencement du dix-septième siècle. Charpentier, doyen de l’Académie française, brava le préjugé en employant ce mot auquel on reprochait trop d’afféterie.