Adieu, berger ; en vérité,
J’ai plus jasé qu’une corneille.
Anacréon enfante des tableaux pleins de vie, et ne s’amuse jamais à ces descriptions qui refroidissent et fatiguent le lecteur Ses vers, légers, harmonieux, élégants, ressemblent aux traits d’un pinceau pur et facile ; et, sous plus d’un rapport du style, on ne peut pas refuser de le placer dans le nombre des écrivains auxquels la critique a donné le nom de classiques, parce qu’ils réunissent, dans leur genre, le génie, le bon sens et le goût.
Anacréon, contemporain de Polycrate, tyran de Samos, vivait vers la 71 et la 72e olympiade (l’an 530 avant J. C.). Il reçut de grands honneurs à Athènes ; après sa mort, sa statue fut placée, par les habitants de Téos, sa patrie, à côté des statues de Périclés et de Xantippe.
Ses œuvres parurent pour la première fois par les soins de Henri Étienne, qui trouva l’ode XI sur la couverture d’un vieux livre. Parmi les éditions de ce poète, celle qui a été donnée à Strasbourg par Brunck, en 1786, est l’une des plus estimées. Remi Belleau, Lafosse, Seillans, Moutonnet de Clairfons, Mérard de Saint-Just, la Chabeaussière, ont imité ou traduit Anacréon en français. M. de Saint-Victor, leur émule, les a tous effacés par une traduction qui restera ; elle est accompagnée du texte et ornée de gravures, d’après les dessins de Girodet, Les traductions italiennes, d’Anacréon sont aussi très nombreuses ; on distingue celles de Marchetti, de Rolli, de Cappoza, de Corsini, de Ridolfi, de Gaetani et de Pagnini. Anacréon a eu pour interprètes en anglais, Stanley, Willis, Addison, Fawkes, Urquhart,etc. On estime les traductions allemandes du même poète par Goetz et Overbeck.