Anatife

  • Duponchel père
  • Encyclopédie moderne

Anatife. Genre de mollusques, de la classe des cirrhopodes ou cirrhipèdes, établi par Bruguières, et qui, d’après les modifications qu’il a subies depuis, se réduit aujourd’hui à cinq ou six espèces. Mais, avant de parler de l’organisation et des mœurs de ces animaux, disons un mot de l’étymologie curieuse du nom qui leur a été donné par les premiers conchyliologistes. Ce nom, qui, d’après les deux mots latins dont il se compose, anas et ferre veut dire : je porte ou je produis un canard, a pris son origine dans un ancien préjugé des habitants des côtes de l’Écosse, qui croyaient que les oies et les canards sauvages naissaient de ces coquilles. D’après cette croyance, l’anatife était un fruit qui croissait au bord de la mer, et qui, parvenu à sa maturité, tombait dans l’eau, et s’ouvrait ensuite pour laisser sortir de sa coque, selon les uns, l’espèce d’oie nommée bernache ou barnacle, et selon les autres, la macreuse. Cette opinion absurde, qui se conserve encore parmi les pécheurs de certains pays, a été réfutée par Albert le Grand dans le treizième siècle et par d’autres savants dans les siècles suivants ; et cependant, dit Cuvier, il s’est encore trouvé, au dix-septième siècle, des gens assez dépourvus de jugement pour la soutenir dans de longs mémoires.

La coquille des anatifes est aplatie sur les côtés, cunéiforme, testacée ou simplement membraneuse, et ordinairement composée de cinq valves, dont deux sont de chaque côté, tandis que la cinquième, linéaire, souvent carénée, est placée sur le bord dorsal, ou lie entre elles les valves latérales, qu’on peut comparer, dit Cuvier, aux valves des lamellibranches, divisées chacune en deux parties. Ces valves sont réunies les unes aux autres par la membrane ou tunique sous l’épiderme de laquelle elles se forment ; leur accroissement s’opère par la transsudalion de la membrane interne, mais en partant de divers centres pour chaque valve. Pour les valves latérales, les lames d’accroissement sont disposées sur les bords qui sont contigus. Pour la cinquième valve, l’accroissement a lieu tout autour, mais surtout aux extrémités.

Le nombre des espèces, comme nous l’avons dit plus haut, s’élève de cinq à six, parmi lesquelles nous citerons la plus connue, l’anatifa lœvis, espèce qui vit en société dans toutes les mers, et qui est vulgairement connue sur les côtes de France sous les noms de bernache ou brenache, barnacle ou bernacle, et de sapinette dans quelques ports.

Ces mollusques s’attachent aux rochers, aux pieux, aux quilles des vaisseaux ; ce qui fait que dans nos ports on peut journellement en observer d’exotiques. Les uns paraissent toujours groupés ou vivre en société ; attachés les uns sur les autres, ils forment ainsi des espèces de bouquets, tandis que les autres semblent vivre isolément.

Chez certaines espèces, le pédicule qui les soutient est fort court ; mais il est ordinairement long, et a même près d‘un pied de longueur dans quelques autres. Il est tendineux, flexible, susceptible de s’allonger et de se contracter à la volonté de l’animal, qui trouve ainsi le moyen d’atteindre sa proie.

Les anatifes préfèrent les lieux battus par les vagues, lis se nourrissent de petits animaux marins qu’ils absorbent au moyen du tourbillon excité dans l’eau par leurs tentacules ciliés, qu’ils roulent et déroulent alternativement avec la plus grande promptitude.

Ils sont hermaphrodites et vivipares ; mais on manque d’observations sur leur mode d’accroissement.

On mange ces animaux, dit Bosc, plutôt par la persuasion qu’ils sont aphrodisiaques que par tout autre motif, car ils sont généralement très petits, et il aurait dû ajouter, peu succulents.