Andrinople
- Géographie et histoire
- G.
- Encyclopédie moderne
Andrinople. Chez les Grecs Andrinople s’appelait Orestea, si l’on en croit les écrivains byzantins : selon une autre opinion, ce nom ne lui a été attribué que pour lui prêter une origine antique, et Andrinople n’existait pas avant l’empereur Adrien, qui la fit bâtir, sur la rive droite de l’Hebrus, lui donna son nom (Adrianopolis), et en fit la capitale de la province Hæmimontana. Auparavant il n’existait sur l’emplacement qu’elle occupe qu’une petite bourgade sans importance, habitée par les Besses, peuplade thrace, et nommée Uscudama. Il se livra aux environs d’Andrinople, dans les temps anciens, deux batailles décisives : dans l’une Constantin défit Licinius en 323 ; dans l’autre Valens fut vaincu par les Goths en 378. Andrinople était alors fortifiée avec art, et elle repoussa les barbares, qui tentèrent de s’en emparer après leur victoire.
En 1360, elle fut prise par les Turcs, qui changèrent son nom d’Andrinople en Ederneh. De 1366 à 1452, c’est-à-dire jusqu’à la conquête de Constantinople, elle resta la résidence des sultans.
Maintenant Andrinople, située dans la Roumélie, sur les bords de la Maritza, est la seconde ville de l’empire ottoman. C’est le siège d’un grand mollah et d’un archevêque grec. Ses rues sont sales et irrégulières comme celles de toutes les villes de l’Orient ; mais elle renferme une foule d’édifices et de monuments remarquables. Parmi ses quarante mosquées, on admire surtout celle de Sélim II, regardée comme le plus beau temple de l’islamisme, celles de Bajazet II et de Mourad II. Le bazar d’Ali-Pacha est un des plus beaux du monde. Citons encore le nouveau et l’ancien sérail ; celui-ci, appelé palais d’Eski-Saraï, est situé hors de la ville ; il a un peu souffert de l’abandon où il est resté ; mais l’on y trouve encore de nombreuses traces de son ancienne magnificence. Enfin, Andrinople possède de beaux ponts, et des restes de constructions romaines qui témoignent de sa haute antiquité. L’aqueduc de Soliman fournit Peau à la ville, et alimente en outre 52 fontaines, 16 puits et 22 bains. Plusieurs collèges et écoles supérieures sont attachés aux mosquées.
Le développement de l’industrie à Andrinople est considérable. Elle consiste dans la fabrication d’étoffes de soie, de laine et de coton, de tapis, de maroquins, d’opium ; en teintureries, tanneries, distilleries d’essences et d’eaux odoriférantes, productions qui forment, avec celles de son fertile territoire, la base d’un commerce florissant dont le principal débouché est le port d’Énos, auquel elles arrivent par la Maritza. La population est de 130,000 habitants.