Anémomètre

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Anémomètre. On donne ce nom aux instruments qui servent à mesurer la force du vent ; on peut trouver cette force en déterminant la vitesse du vent, ou la pression qu’il exerce sur les corps qui lui sont imposés ; enfin, on détermine la vitesse du vent, par le mouvement plus ou moins rapide d’un corps léger, tel qu’une plume, qu’on lui abandonne. Dans les mines, on se sert de la fumée pour mesurer la rapidité du courant d’air qui alimente les galeries souterraines ; c’est aussi la fumée qui sert à déterminer l’intensité du tirage des cheminées des machines à vapeur.

L’anémomètre le plus simple de ceux qui servent à mesurer la pression du vent est celui de Lind. Il consiste en un tube de verre, qui ne diffère de celui du niveau d’eau qu’en ce qu’un des deux petits tubes verticaux est courbé horizontalement à sa partie supérieure. On présente ce côté de l’instrument au vent qui y presse l’eau, l’y fait baisser, et la fait remonter dans le côté opposé. Le tube horizontal qui unit les deux tubes verticaux doit avoir un étranglement dont l’effet est de diminuer la promptitude des oscillations du liquide. La différence de niveau dans les deux tubes mesure l’intensité du vent. Cette différence s’obtient facilement à l’aide de deux échelles qui sont gravées sur chacun des deux tubes.

L’anémomètre le plus généralement employé, parce qu’il est le plus exact, est l’anémomètre à ressort. Il consiste en une planche, ordinairement carrée, placée verticalement, dans la direction du vent, et appuyée, au centre, sur un ressort à boudin, au milieu duquel passe une tige de fer, attachée perpendiculairement à la planche. L’extrémité de cette tige porte une crémaillère dans les dents de laquelle s’engage le biseau d’un cliquet. Au fur et à mesure que l’intensité du vent augmente, la planche qu’il frappe comprime davantage le ressort, la tige de fer avance de la même quantité, les dents de la crémaillère font successivement lever le cliquet, qui empêche le système de rétrograder sous la pression du ressort quand le vent baisse. Et comme l’instrument a été préalablement taré, il est facile d’apprécier en poids l’intensité du vent au moment où le ressort a été le plus fortement comprimé.

L’anémomètre de Wolf consiste en un moulinet à quatre ailes qui communique, par une combinaison d’engrenages, un mouvement très lent à une aiguille qui parcourt les divisions d’un cadran vertical. Au commencement de l’expérience, l’aiguille est ramenée, par son poids, au zéro de la division qui se trouve exactement à la verticale du centre du cadran. Aussitôt qu’on laisse agir le vent sur les ailes du moulinet, l’aiguille sort de la verticale et parcourt, en s’élevant, un nombre plus ou moins grand de divisions du cadran ; mais au fur et à mesure que l’angle qu’elle fait avec sa position primitive grandit, son poids agit avec un plus grand levier pour s’opposer au mouvement du moulinet ; il arrive enfin un moment où ce mouvement devient nul ; l’angle des deux positions de l’aiguille donne alors la valeur de l’intensité du vent.

Un des anémomètres les plus élégants, si ce n’est pas le plus commode, est l’anémomètre musical proposé par Delamanon. Il est composé de vingt et un tuyaux calibrés dans certaines proportions, de manière que le vent, en y entrant successivement à mesure qu’il peut soulever les plaques qui bouchent leurs ouvertures, produit toute la série des notes des trois octaves successives. Dans celui qui avait été construit par Delamanon, l’ut de la première octave avertissait que la force du vent était de cinq onces par pied carré ; le , que cette force était de dix onces, etc. Pour faire sonner le si de la seconde octave, il fallait que le vent commençât à devenir impétueux ; et, en prêtant l’oreille, on entendait alors l’harmonie s’élever et se tenir toujours à une hauteur correspondante à celle de la tempête, dont elle relevait exactement et à chaque instant la véritable violence en livres et en onces.

Il y a encore quelques autres anémomètres ; mais ils sont établis sur les mêmes principes que ceux que nous venons de décrire ; cependant, il n’y a aucun de ces instruments qui soit parfait, même le plus simple. Il est facile, en effet, de se convaincre de toute la difficulté qu’il y a à suivre pendant un temps assez long, et à bien noter le mouvement d’une plume qu’on a abandonnée au vent, et qu’il est impossible d’estimer exactement par l’ascension de la fumée la vitesse de tirage d’une cheminée qu’il serait si souvent nécessaire de connaître. La Société industrielle de Mulhouse, qui a reconnu toute l’insuffisance des anémomètres dont on s’est servi jusqu’à ce jour, a proposé une médaille à celui qui en inventera un sur l’exactitude duquel on puisse compter.