Angers
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Angers. Andegavum, Juliomagus Andium. Ville de France, chef-lieu du département de Maine-et-Loire, autrefois capitale du duché d’Anjou. Elle est le siège d’un évêché, fondé avant 380, et possède une cour royale, à laquelle ressortissent les départements de la Mayenne, de la Sarthe et de Maine-et-Loire ; elle possède en outre un tribunal de première instance et de commerce, une bourse de commerce, une chambre des manufactures, un collège royal, une école des arts et métiers, une institution de sourds-muets et plusieurs autres établissements d’instruction publique.
L’origine d’Angers se perd dans la nuit des temps. Les Andes ou Andegaves étaient un peuple des Gaules : César ne parle pas de leur capitale ; Ptolémée nous apprend qu’elle s’appelait Juliomagus, et la Table de Peutinger, en déterminant les distances de cette ville aux villes environnantes, indique qu’elle se trouvait à la place où est aujourd’hui Angers. Quoique le temps ait bien effacé les vestiges qu’y a laissés la domination romaine, cependant on peut reconnaître que Juliomagus était une ville municipale, assez considérable, entourée de murs, et ornée d’un amphithéâtre, de thermes, de temples. — Ce fut vers 446, sous le règne de Valentinien III, que le nom de Juliomagus fut changé en celui d’Andegavia, dont on a fait dans la suite Angers, Anjou et Angevins. Vers cette époque, les Andes firent partie de la confédération armorique soulevée contre les Romains ; mais ils n’échappèrent à une domination que pour tomber sous une autre. Odoacre, chef des Saxons, s’empara de la ville, vers 464. Childéric Ier la lui prit, la pilla et en brûla une partie ; elle fut encore reprise par Odoacre avant que la paix s’établit entre les deux ennemis. Les Angevins furent convertis au christianisme sous Clovis, devenu leur maître à son tour, Angers fut possédé ensuite par Clodomir, par Thierri, par Théodebert, par Childebert. A l’époque des invasions normandes, il fut saccagé et brûlé à plusieurs reprises (845, 857). Hasting s’y établit, et n’en sortit que chassé par Charles le Chauve. Plus tard, Angers fut plusieurs fois attaqué, pris et repris par les Bretons, les Anglais et les Français. Il souffrit aussi pendant les guerres civiles. Le château fut surpris par les huguenots en 1585, et la ville attaquée sans succès en 1793 par les Vendéens.
La ville d’Angers est admirablement située sur la Mayenne ; elle a sur cette rivière un port très fréquenté. Elle est bâtie en amphithéâtre sur le penchant d’une colline ; aussi en quelques parties, les rues sont-elles escarpées et impraticables pour les voitures. On y remarque beaucoup d’anciennes constructions que l’emploi abusif de l’ardoise et de la pierre d’ardoise comme matériaux rend sombres et tristes. Cependant, elles commencent à disparaître, et bientôt la ville se montrera sous un autre aspect Les monuments et établissements les plus remarquables sont : la cathédrale, dont la construction a duré cinq cents ans, et qui, bâtie néanmoins sur le plan du premier architecte, peut être regardée comme appartenant au douzième siècle ; l’église de la Trinité, bâtie en 1062, et un des plus beaux édifices romans qui existent en France ; l’église Saint-Serge, construite vers le milieu du onzième siècle ; l’Hôtel-Dieu, fondé en 1155 par Henri II, roi d’Angleterre ; le château, commencé sous Philippe-Auguste et achevé par Louis IX : il sert aujourd’hui de prison et de dépôt de poudres ; la salle de spectacle ; la maison gothique appelée l’hôtel des comtes d’Anjou ; la bibliothèque ; la galerie de tableaux ; le cabinet d’histoire naturelle et le jardin botanique. N’oublions pas les promenades : le Mail qui aboutit au Champ-de-Mars, les boulevards, la promenade du Bout-du-Monde. Le dépôt national d’étalons est un des plus beaux et des mieux tenus du royaume.
La population d’Angers est de 39,884 habitants.
Le commerce consiste principalement en vins blancs, eaux-de-vie, grains, légumes, lins et chanvres, bougies, fruits, confitures sèches, cire, miel, huile, mercerie, toiles et étoffes des fabriques de la ville et du département. Il y a une raffinerie de sucre, des fabriques de toiles peintes, d’étoffes de laine et de coton, une manufacture royale de toile à voiles. Dans les environs d’Angers se trouvent de célèbres ardoisières, dont les produits forment une des branches les plus considérables du commerce d’Angers : elles emploient trois mille ouvriers, et se servent de trois machines à vapeur et cinq cents bêtes de trait. Les exportations d’ardoises se montent annuellement à 1,500,000 francs.
Angers a donné naissance à beaucoup d’hommes distingués ; voici les principaux : Espagne de la Cerda, connétable de France, assassiné en 1354, par ordre de Charles le Mauvais, roi de Navarre ; René, dit le Bon, duc d’Anjou et roi de Sicile, né en 1408 ; F. Babin, professeur de théologie ; F. Bernier, célèbre voyageur et habile médecin, mort en 1688 ; P, Ayrault, fameux avocat ; le poète Ch. de Bourdigné ; l’historien J. de Bourdigné ; Frain du Tremblay, philologue, mort en 1724 ; les jurisconsultes Gab. Dupineau, mort en 1644 ; Jul. Peleus ; Fr. deRoye, mort en 1686 ; F. Delaunay ; J. Jacob, dit Montfleury, comédien et auteur dramatique ; Gilles Ménage, savant, historien, poète, antiquaire, philologue, né en 1692 ; J. Renou, orientaliste, mort en 1701 ; le comte de Labourdonnaye ; le marquis d’Autichamp ; le général Desjardins ; P. A. Béclard, professeur à la faculté de médecine de Paris ; le docteur Cullerier ; le docteur Ollivier d’Angers ; Mich. Eug. Chevreul, de l’Académie des sciences, né en 1786 ; le statuaire David, membre de l’Académie des beaux-arts.