Angle facial
- Encyclopédie de famille
Angle facial. C’est une opinion reçue que l’intelligence d’un animal dépend du volume de son cerveau. Camper et les anatomistes modernes ont proposé un moyen fort simple pour l’évaluer. Il consisté dans l’observation de l’ouverture d’un angle formé par deux lignes imaginaires tirées, l’une du point le plus saillant du front, au bord des dents incisives supérieures ; l’autre, de ce dernier point, et passant par le conduit auriculaire : cet angle s’appelle facial. Plus l’angle facial est aigu, plus le cerveau de l’animal est censé petit. L’homme, le plus intelligent des êtres créés, est aussi celui qui, toutes proportions gardées, a reçu de la nature le cerveau le plus volumineux, ou dont l’angle facial est le plus grand. L’ouverture de cet angle diminue à mesure qu’on s’approche des animaux qui occupent les derniers degrés de l’échelle. Chez les reptiles et les poissons, la tête est formee presqu’en totalité par deux mâchoires horizontales ; aussi la capacité du crâne de ces animaux est-elle fort petite, ainsi que leur intelligence.
Les artistes de la Grèce, doués au plus haut degré du sentiment du beau et des convenances, ont donné à la tête de leurs dieux un angle facial très ouvert et qui approche en général de l’angle droit. Les Européens, les plus habiles des hommes, ont aussi l’angle facial plus ouvert que les autres peuples, comme on le voit par les rapports qui suivent : l’Apollon du Belvédère a un peu plus de 90° ; dans les plus belles tètes des Européens, on trouve de 80 à 85° ; chez les individus de la race mongole, 75° ; chez les nègres, de 70 à 72° ; l’orang-outang a 67°, le sapajou 65°, les jeunes mandrilles 42°, les chiens mâtins 41°, le cheval 23°. Ce dernier chiffre indiquerait que le cheval doit être un des animaux les plus stupides, et néanmoins il est doué de beaucoup d’intelligence ; d’où il faut conclure que l’angle facial n’est pas un moyen infaillible pour évaluer le volume du cerveau dans les animaux : les anatomistes en donnent pour raison principale la saillie, quelquefois très grande, des sinus frontaux (cavités creusées dans l’os du front), et qui, ne logeant aucune portion du cerveau, dont une cloison osseuse les sépare, peuvent donner le change sur son volume réel.
On doit à Cuvier une règle qui semble plus exacte : elle consiste à comparer l’étendue interne du crâne à celle de la face, en mesurant comparativement les aires de leurs cavités dans une coupe verticale et longitudinale de la tète. Il résulte, d’après ce procédé, que chez l’Européen l’aire de la çoupe du crâne est quadruple de celle de la face, en n’y comprenant point la mâchoire inférieure : dans le nègre, l’aire de là face augmente au moins d’un cinquième ; dans les sapajous, elle est la moitié de celle du crâne ; enfin, dans les animaux inférieurs aux quadrumanes, l’aire de la coupe du crâne est moins grande que l’aire de la face.