Angusture

Angusture, nom que l’on donne dans le commerce à l’écorce du cusparia ou bonplandia. Les Indiens appellent cet arbre cuspa. La désignation d’écorce d’angusture vient des Espagnols, et dérive du nom de la ville d’Angostura ou SaintThomas, voisine du détroit de l’Orénoque, où cette substance fait un objet de commerce. Cette écorce tient aujourd’hui un rang éminent dans la matière médicale. Comme amer aromatique, elle agit à la manière des toniques et comme stimulant puissamment les organes de la digestion. Elle excite l’appétit, chasse les vents, et combat l’acidité résultant de la dyspepsie ; c’est un remède très efficace dans la diarrhée qui provient de- la faiblesse des intestins, ainsi que dans la dyssenterie ; elle offre le singulier avantage de ne pas fatiguer l’estomac à la manière du quinquina ; mais elle ne guérit pas, comme ce dernier, les fièvres intermittentes. Malheureusement il se rencontre dans le commerce une fausse angusture, peu discernable à l’aspect et par ses caractères extérieurs. Elle provient du brucea antidyssenterica, et l’usage de celle-ci peut être, dans certains cas, très dangereux. On y a récemment découvert un principe immédiat des végétaux (la brucine) fort analogue à la strychnine, et qui est un poison violent.

Les premiers échantillons d’angusture furent apportés de la Dominique en Angleterre, en 1778, et l’on supposa que l’arbre qui la fournissait était indigène de l’Afrique ; mais on sait maintenant qu’il appartient à l’Amérique. L’odeur de cette écorce n’est pas forte, mais elle est toute particulière ; sa saveur est amère, légèrement aromatique et durable ; elle laisse un sentiment de chaleur et d’irritation dans la gorge. Elle se pulvérise facilement, et donne une poudre qui, étant triturée avec de la chaux, exhale une odeur ammoniacale. Humboldt nous apprend que les capucins de Catalogne, qui possédaient les missions de Carouy, préparaient avec grand soin un extrait de cette écorce, qu’ils distribuaient ensuite à tous leurs couvents de la Catalogne.