Ankylose

  • Chirurgie
  • A. Le Pileur
  • Encyclopédie moderne

Ankylose. On appelle ainsi une maladie qui consiste dans l’adhésion plus ou moins complète des surfaces articulaires, avec ou sans rigidité des ligaments qui les unissent, déterminant la difficulté, ou même l’impossibilité des mouvements dans une articulation. Ordinairement l’ankylose n’affecte qu’une articulation chez les mêmes individus ; cependant on l’a vue quelquefois s’emparer de plusieurs et même de toutes les articulations du corps. On nomme ankylose complète ou vraie celle où la soudure des surfaces articulaires est complète et les mouvements abolis ; ankylose incomplète ou fausse, cette où les mouvements, bien que difficiles et bornés, ont lieu néanmoins dans certaines limites. Les différentes maladies des articulations peuvent amener l’ankylose ; l’immobilité prolongée d’une articulation suffit même à la produire, surtout dans la jeunesse, et c’est un point que le chirurgien doit avoir toujours présent, quand il se voit forcé d’emprisonner un membre dans un appareil qui le condamne momentanément à l’inaction. Suite fréquente et déplorable, dans certains cas, des maladies articulaires, l’ankylose est quelquefois ardemment souhaitée par le chirurgien et le malade qui voient eu elle un moyen terme bien préférable à la perte d’un membre ; ainsi l’homme atteint d’une tumeur blanche ou d’une plaie d’une articulation est fort heureux quand, au prix d’une ankylose, il peut conserver sa jambe ou son bras.

On a proposé, dans ces derniers temps, de ramener la mobilité dans les articulations ankylosées, en détruisant brusquement et par la violence les adhérences qui constituent l’ankylose. Une machine construite dans ce but a même été soumise au jugement des corps savants, tandis que de pauvres ankylosés étaient soumis à l’action de la machine ; le succès n’a pas couronné ces tentatives ; outre qu’elle détermine une douleur atroce, la rupture d’une ankylosé entraîne à sa suite des dangers, et nous croyons qu’elle doit être bannie de la chirurgie comme les opérations de convenance. Dans l’ankylose incomplète, des mouvements gradués et fréquemment exécutés, les frictions, le massage, les bains de Bourbonue, de Barèges, les bains de sang de bœuf au moment où l’animal vient d’être saigné, sont quelquefois couronnés de succès.

Quand il faut se résigner à voir une articulation s’ankyloser, on doit chercher à obtenir que l’ankylose ait lieu dans une position telle que le malade en soit aussi peu gêné et que le membre soit aussi utile que possible.