Anneau

  • Encyclopédie de famille

Anneau, cercle ordinairement de métal, servant à attacher ou à suspendre quelque chose. C’est aussi le nom de certaines bagues ou autres ornements en forme de cercle. Tout démontre l’antiquité des anneaux. Si dans l’origine ils furent un signe de servitude ou de lien, comme le prouve la fable de Jupiter imposant à Prométhée l’obligation de porter au doigt un anneau de métal, pour lui rappeler qu’il l’avait enchaîné sur le Caucase, ils devinrent dans la suite un des ornements des deux sexes, les plus usités et les plus variés. Dans l’histoire des Hébreux, il est question de bagues et de boucles d’oreilles ; elles font partie des bijoux précieux dont ils se dépouillent et qu’ils fondent pour en former le veau d’or. Avant cette époque le roi d’Égypte, lorsque Joseph y était en crédit, lui remit son anneau comme signe de la puissance qu’il lui confiait. Plusieurs des bagues égyptiennes qui sont aujourd’hui dans les divers musées remontent aux plus anciens Pharaons. Il est probable que l’usage des anneaux passa des peuples orientaux aux Grecs. Ce peuple leur donnait en général un nom qui rappelait qu’ils étaient les ornements des doigts. La partie gravée portait un nom qui indiquait qu’elle servait de sceau ou de cachet. Les Romains nommaient l’anneau d’un nom qui marque que d’abord on le plaçait près de l’ongle, à la première phalange. Les mots latins dont nous avons tiré celui d’anneau viennent d’un mot qui signifie cercle. Chez les Grecs et les Romains on échangeait des anneaux comme garantie de ses engagements.

Tous les peuples ont porté des bagues de toutes sortes de matières, et en ont multiplié les ornements à l’infini. Chez quelques-uns, il n’était pas libre à chacun d’en porter à sa fantaisie : les règlements avaient déterminé la matière des anneaux pour chaque rang dé la société ; pendant longtemps les sénateurs romains eux-mêmes n’en eurent pas en or ; on n’en donnait qu’aux ambassadeurs, pour qu’ils s’attirassent plus de considération dans les pays étrangers, où les personnes d’un haut rang avaient l’habitude d’en porter. Primitivement on accordait ces anneaux d’or pour des services rendus à la république, et alors on ne s’en parait qu’en public ; ceux qui avaient obtenu cette distinction ne portaient chez eux qu’une bague de fer comme le reste des citoyens. Les triomphateurs mêmes, au-dessus de la tête desquels on tenait une couronne d’or, n’avaient au doigt qu’une bague de fer, comme leurs esclaves. C’est en mémoire de cette antique simplicité que du temps de Pline on donnait à sa femme en se mariant v une bague de fer, sans ornement et sans pierre ; mais Tertullien et Isidore, évêque de Séville, disent que de leur temps l’anneau de mariage était en or ; les hommes ne portaient pas alors plus de deux bagues. Le mourant laissait son anneau à celui qu’il voulait désigner pour son héritier ou son successeur. L’anneau d’or au quatrième doigt indiquait un chevalier romain, et distinguait du peuple le second ordre, comme le laticlave désignait le sénateur. Le flamine de Jupiter ne pouvait porter qu’une bague creuse faite avec une lame d’or très mince. Le peuple n’avait que des anneaux de fer, mais il les ornait de petites pierres communes, telles que des agates, des cornalines unies, souvent aussi de pâte de verre coloré, imitant les pierres fines, ou portant l’empreinte de pierres gravées. Le luxe, en s’accroissant, multiplia cet ornement. On chargea d’anneaux non seulement tous les doigts des mains, mais même ceux des pieds. Les Tuileries ont vu le$ élégantes du Directoire renouveler cette mode et se promener en cothurnes découverts, ayant à chaque doigt du pied une bague enrichie de diamants. A Rome on avait calculé le poids des divers anneaux suivant les saisons. Parmi ces bagues affectées à chaque moitié de l’année, celles qui étaient taillées dans une seule pierre, telle que la sardoine, la cornaline, le cristal de roche, devaient être regardées comme des anneaux d’été et comme plus frais. Les bagues qu’on offrait à ses parents ou à ses amis le jour anniversaire de leur naissance portaient des signes symboliques ou des vœux pour leur bonheur. Il y en avait aussi à secret, dans lesquelles on enfermait du poison, témoin celles de Démosthène et d’Annibal.

La manière de porter l’anneau a subi de grandes variations. Les Hébreux en ornaient leur main droite, les Romains leur main gauche, les Grecs l’annulaire ou quatrième doigt de la même main, les Gaulois et les Bretons, le medius. Les Africains, les Asiatiques, les Américains ont poussé plus loin encore cette manie : ils en ont porté au nez, aux lèvres, aux joues, au menton.

De nos jours les nouveaux époux échangent leur anneau, qu’on nomme alliance, sans se douter que cet usage remonte aux Hébreux. L’alliance s’ouvre en deux fragments, sur lesquels on grave d’ordinaire les noms des époux et la date de leur union.

Dès les temps les plus reculés l’anneau fut pour les ecclésiastiques, et particulièrement pour les prélats, un symbole de dignité, le gage de leur puissance spirituelle et de l’alliance qu’ils contractent avec leur Église. On peut faire remonter au quatrième siècle l’usage de donner un anneau aux évêques dans la cérémonie de leur consécration. Quand le quatrième concile de Tolède ordonna, en 633, qu’on restituerait l’anneau au prélat réintégré après une injuste déposition, il ne faisait que confirmer un cérémonial déjà ancien dans le sacre des évêques. Dans la formule de la bénédiction de l’anneau épiscopal, cet ornement est envisagé comme le sceau de la foi et le signe de la protection céleste. On trouve la même signification dans les paroles que prononce le prélat consécrateur en mettant l’anneau au quatrième doigt de la main du consacré. Autrefois les évêques portaient cet anneau au doigt index de la main droite ; mais comme pour la célébration des saints mystères on était obligé de le mettre au quatrième doigt, l’usage s’établit de l’y porter constamment. L’anneau épiscopal doit être d’or et enrichi d’une pierre précieuse d’améthyste ; mais on ne doit y graver aucune figure, d’après une prescription du pape Innocent III, qui n’a pas toujours été observée. Les évêques grecs ne portent point d’anneau ; les archevêques seuls usent de ce privilège. Des évêques et archevêques le droite l’anneau s’est depuis étendu à tous les cardinaux, qui payent en recevant le leur une certaine redevance.

L’anneau du pêcheur est le nom du sceau particulier des papes, qui était déjà en usage au treizième siècle. Imprimé sur cire rouge pour les brefs, sur plomb pour les bulles, son image reste appendue à ces divers documents par du fil de chanvre, quand il s’agit, dans les bulles, d’affaires de jurisprudence ou de mariages, et par du cordonnet de soie rouge et jaune en matières de grâces. Sur l’un des côtés du sceau sont gravées les images des apôtres saint Pierre et saint Paul ; sur l’autre est inscrit le nom du pape régnant. On nomme ce sceau anneau du pêcheur, de sa forme et parce que l’apôtre saint Pierre, que l’Église regarde comme ayant été le premier des papes, exerçait la profession de pêcheur avant de devenir l’un des disciples de Jésus-Christ. Ce sceau est gardé par le pape en personne, ou bien confié à l’un des membres du sacré collège. Il n’y a que le saint-père qui s’en serve, ou du moins il ne doit en être fait usage qu’en sa présence. Après la mort de chaque souverain pontife, il est brisé par le cardinal camerlingue en fonctions, et la ville de Rome est dans l’usage d’offrir au nouveau pape, dès que le conclave vient de l’élire, un anneau du pêcheur.

Quelques anneaux ont été considérés comme des talismans. On en porte encore de bénits ou qu’on a fait toucher à des reliques. Les bagues de fer ont passé dans un temps pour guérir de certaines maladies. Au moyen âge il y avait des anneaux constellés, et un ancien historien raconte des choses merveilleuses d’un anneau enchanté qui charma Charlemagne. L’anneau de Gygès était un anneau merveilleux qui rendait invisible celui qui le portait. Les rabbins et la plupart des historiens orientaux racontent sur l’anneau de Salomon mille fables qu’ont dû inventer les Arabes qui ont écrit depuis Mahomet, puisque Josèphe n’en fait aucune mention. Un jour, dit-on, que Salomon, fils de David, entrait dans le bain, il quitta son anneau, que lui déroba une furie, qui le jeta à la mer. Se regardant dès lors comme dépourvu des lumières qui lui étaient indispensables pour bien administrer, Salomon s’abstenait depuis quarante jours de monter sur le trône, lorsque enfin il retrouva dans le ventre d’un poisson servi sur sa table son précieux anneau, dans le chaton duquel il voyait toutes les choses qu’il désirait savoir.

Dans la gnomonique ou appelle anneau astronomique un cercle de métal où se trouve un trou éloigné de 45° du point par lequel on le tient suspendu. Cet instrument est employé en mer pour prendre la hauteur du soleil. L’anneau solaire est un petit cadran portatif, formé d’un cercle percé d’un trou par lequel passe le rayon solaire qui va indiquer l’heure marquée dans l’intérieur du cercle, à l’opposite du trou. L’anneau universel est un instrument composé de deux ou trois cercles, et servant à trouver l’heure du jour, en quelque endroit de la terre que ce soit. C’est une espèce de cadran équinoxial fait à l’imitation des armilles d’Eratosthène, que l’on voyait à Alexandrie 250 ans avant J.-C. Il diffère de l’anneau solaire en ce que celui-ci ne marque l’heure avec exactitude que pendant quelques jours, à moins qu’on ne rapproche ou qu’on n’éloigne le trou du point de suspension ; tandis que l’anneau universel marque l’heure du jour en tout lieu et en toute saison.