Annuité
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Annuité. Nom qu’on donne à une rente qui n’est payée que pendant quelques années, et combinée de telle sorte, qu’à l’expiration de cette durée, l’emprunteur ne doive plus rien, ni capital, ni intérêts. Pour concevoir le calcul des annuités, il faut se représenter que la somme qu’on paie à chaque terme convenu, est formée des intérêts échus et d’un à-compte sur le capital ; celui-ci diminuant par ces à-compte donnés aux divers termes successifs, s’épuise peu à peu, et le remboursement se trouve ainsi complètement effectué. D’un autre côté, puisque le montant de l’intérêt échu devient de plus en plus petit, et qu’à chaque terme on paie la même somme, l’à-compte sur le capital s’accroît sans cesse ; ce qui amène la libération du débiteur.
Ce mode d’emprunt est peu usité en France, parce qu’il n’est pas bien connu des capitalistes, qui peut-être ne consentiraient pas volontiers à laisser morceler leurs fonds en recevant une suite d’à-compte et de petites sommes d’un placement difficile. Mais il est éminemment avantageux à l’industrie, qui peut fonder de grands établissements avec des fonds d’emprunt ; il l’est à l’agriculture, au commerce, et même aux spéculateurs qui veulent agrandir leurs entreprises avec des capitaux étrangers, parce que, le remboursement s’opérant peu à peu, on se trouve libéré de toutes dettes, sans avoir tout d’un coup de grandes sommes à payer. Celui qui a emprunté 10,000 fr. à 5 pour 100 par an pendant dix ans, lorsqu’il a, chaque année, payé les 500 fr. d’intérêts échus, n’en doit pas moins 10,000 fr. à l’expiration des dix années ; mais si, à chaque terme, il eût payé 1295 fr., il se serait trouvé ne plus rien devoir, parce que cette somme aurait été partie en payement d’intérêts échus, partie en à-compte sur le capital emprunté. A la fin de la première année, il ne resterait plus devoir à son créancier que 9,205 fr., dont l’intérêt à 5 pour cent est 460 fr. 25 c. ; ainsi le second paiement de 1,295 fr. comprendrait un à-compte de 829 fr. 75 c., et il ne serait plus débiteur que de 8,375 fr. 25 c. En continuant les calculs, on verra qu’après dix ans il se serait totalement libéré.
Si c’était ici le lieu de montrer que l’intérêt d’un capitaliste qui hasarde des fonds dans une entreprise, est certainement de la favoriser et de s’assurer ses rentrées, en consentant à recevoir ces sortes d’à-compte, il serait facile de prouver que les annuités sont aussi bien dans l’intérêt du prêteur que de l’emprunteur. Mais il suffira d’observer que ce dernier n’a pas besoin du consentement de son créancier pour fonder une annuité, puisqu’il peut, en retirant de son entreprise, à chaque terme de payement, la somme fixée pour la constituer, faire de cette somme deux parts, dont l’une paiera les intérêts échus, et dont l’autre sera placée et formera un capital qui, s’accroissant de ses propres intérêts, s’élèvera en définitive, au terme fixé pour le remboursement, à la quotité de la somme empruntée. Le débiteur trouvera même dans ce mode l’avantage de pouvoir ne distraire les sommes de son entreprise qu’aux époques où il pourra s’en priver plus commodément, ou même les laisser fructifier à plus haut intérêt dans sa propre spéculation, pourvu qu’il ait soin d’en faire un article séparé dans ses livres.