Antipathie
- Encyclopédie de famille
Antipathie, l’opposé de la sympathie, est une aversion irréfléchie, une répugnance naturelle pour des personnes ou des animaux, ou des objets quelconques. Les antipathies physiques peuvent naître entre des personnes dont les tempéraments, les âges, les humeurs, sont trop contraires. L’impétueux et le lent, le sensible et l’apathique, le sombre et l’enjoué, la vieillesse et l’enfance, le sanguin léger et le mélancolique profond, ne peuvent sympathiser, puisque ce qui plaît à l’un contrecarre singulièrement les goûts de l’autre. La nature a créé des inimitiés entre pareils, comme entre des races d’animaux. Les carnivores, entre eux rivaux pour la chasse, se combattent ou se fuient. Les herbivores, plus doux, et trouvant une pâture facile, se rapprochent souvent en troupes. L’égoïste, l’orgueilleux, le despote, sont ou doivent vivre seuls ; ils deviennent antipathiques pour tout le monde. Les compterions généreuses, expansives, aimantes, sont sympathiques et attirent partout l’amitié.
Des antipathies naissent facilement par association d’idées : ainsi, telle personne, tel aliment, vous ont causé du mal, vous leur gardez rancune. La vue, l’odeur seule d’une substance qui vous a nui vous cause une aversion parfois insurmontable. Souvent on ne se rend pas compte des causes primitives de son aversion. Descartes aimait les femmes qui louchaient, parce qu’il avait été bien soigné dans son enfance par une femme louche. D’ailleurs, il y a des aversions naturelles pour du fromage fort, de l’ail ou des oignons, etc. L’estomac repousse certaines nourritures ou ne les digère pas. C’est une sensibilité particulière pour ou contre des objets doués de propriétés nuisibles ou salutaires à telle espece de constitution. Chacun de nos sens usurpe aussi sur les matériaux de ses sensations un empire spécial ; il exerce son choix. Tel nez préfère une odeur que déteste un autre nez. Le toucher du satin ou du velours, si moelleux, chatouille désagréablement les nerfs de certains individus. Telle couleur parait triste à des yeux, qui en réjouit d’autres. Des goûts et des couleurs on ne saurait disputer.