Antiquaire

  • Encyclopédie de famille

Antiquaire. On donnait autrefois ce nom à ceux qui faisaient des scholies ou des notes sur les auteurs, et qui prouvaient par là une grande connaissance de l’oriine et de l’antiquité des choses ; c’étaient es espèces d’annotateurs. On avait étendu cette qualification aux copistes, nommés aussi libraires, qui transcrivaient les vieux livres. Les Romains désignaient plus spécialement sous ce nom les savants qui, nourris du style et des bons exempies des auteurs anciens, s’appliquaient à en perpétuer le goût et les bonnes traditions par leurs recherches et leurs écrits ; quelques-uns, restreignant cette étude à la langue et à la grammaire, et recherchant avec affectation les vieux mots, les expressions surannées et tombées en désuétude, pour les faire revivre et les remettre en lumière, au mépris des nouvelles, firent prendre en mauvaise part une qualification qui jusque-là n’avait été qu’honorable. Il y avait enfin anciennement dans les villes les plus considérables de la Grèce et de l’Italie des personnes de distinction nommées antiquaires, dont la charge était de faire voir aux étrangers ce qu’il y avait de curieux, et de leur expliquer les inscriptions anciennes et les vieux monuments : ils ont échangé depuis cette qualification contre celle de cicerone.

Aujourd’hui, on appelle du nom d’antiquaire, ou plutôt d’archéologue, celui qui s’occupe de la recherche et de l’étude des monuments qui nous restent de l’antiquité, des coutumes des anciens, des vieux livres, des vieilles images, des médailles, et généralement de tout ce qui peut donner quelque connaissance, quelque lumière sur l’antiquité. Parmi les savants qui se sont le plus distingués dans cette étude, on doit citer en première ligne les Winckelmann, les Montfaucon, les Barthélémy, les Caylus. Comme [les anciens, les modernes ont vu donner cette qualification à des hommes qui ne la méritaient pas, et qui l’ont même rendue parfois ridicule : tels sont ces individus qui, sans avoir fait les études préparatoires nécessaires, prennent pour l’amour de l’antique la triste manie de recueillir sans ordre et sans choix une foule de débris, souvent apocryphes, dont ils forment à grands frais de prétendues collections ; enfin ceux qui joignent le désir d’un gain sordide à celte prétention.

Plusieurs réunions savantes, décorées du titre de sociétés des antiquaires et faisant des antiquités de différentes époques l’objet exclusif de leurs études, existent à Rome, à Paris, à Londres, à Vienne, à Copenhague, aux États-Unis, etc. Celle de Londres date de 1572. La Société des Antiquaires de France fut fondée en 1804, sous le titre d’Académie celtique, et réformée en 1813. Elle s’occupe des langues, de la géographie, de la chronologie, de l’histoire, de la littérature, des arts et des antiquités celtiques, grecques, romaines et du moyen âge, mais principalement de ce qui a trait aux Gaules et à la France jusqu’au seizième siècle inclusivement. La Société des Antiquaires de Normandie a été fondée en 1824, à Caen. Une autre réunion du même genre s’est formée sous le titre de Société des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer, pour l’exploration des monuments de la Flandre et de l’Artois. La Société des Antiquaires du Nord a été fondée à Copenhague, en 1825, sur l’initiative de Rafn. Elle a formé un remarquable musée d’antiquités américaines antérieures à la découverte de Christophe Colomb.