Antiseptiques
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Antiseptiques. Remèdes contre la putréfaction. Les anciens ont cru pouvoir, par divers médicaments, pris en général parmi les toniques et les aromatiques, remédier à une disposition putride qu’ils supposaient dans l’économie : de là naquit la classe des antiseptiques. Suivant une marche plus rigoureuse, les modernes se sont bornés à modifier, par des applications extérieures, les parties frappées de mortification, de manière à détruire l’influence fâcheuse qu’elles pouvaient avoir sur les parties restées saines, et à favoriser leur séparation. C’est à la chimie qu’on est redevable de presque tous les moyens qu’on emploie en pareil cas, et dont l’effet consiste presque toujours à absorber les fluides et les gaz fournis par les parties frappées de gangrène. On s’est servi de diverses substances pour cet usage, et la poudre de charbon de bois avait jusqu’ici mérité la préférence ; mais on possède maintenant un moyen plus efficace encore, c’est le chlorure de chaux, tout récemment conseillé par M. Labaraque, comme propre à arrêter les progrès de la putréfaction, et même à lui imprimer une marche en quelque sorte rétrograde. Ce procédé, qui, dans son origine, était destiné aux arts, a reçu depuis une application fort utile dans des cas d’affection charbonneuse ; mis en contact avec les parties affectées, le chlorure de chaux non-seulement a enlevé l’odeur putride qui s’en exhalait, mais il a même paru exercer une action salutaire, en bornant l’extension vraiment effrayante de la maladie.
La partie du traitement de ces affections par laquelle on cherche, en modifiant l’action vitale, à faire cesser les ravages de la gangrène, n’est nullement comparable au traitement antiseptique des anciens, qui, basé sur des propriétés imaginaires, était, dans la plupart des cas, plus nuisible qu’avantageux. Le praticien sait le varier suivant les circonstances : c’est ainsi qu’il oppose aux accidents inflammatoires la saignée locale ou générale, les émollients et les relâchants sous toutes les formes ; qu’il soutient les forces par des aliments analeptiques, par des toniques, des aromates sagement combinés, en même temps qu’il emploie les applications locales, dont nous avons parlé plus haut.