Apulée
- Dictionnaire infernal
Apulée. Philosophe platonicien, né en Afrique, connu par le livre de l’Ane d’or. Il vécut au deuxième siècle, sous les Antonins. On lui attribue plusieurs prodiges auxquels sans doute il n’a jamais songé. Il dépensa tout son bien en voyages, et mit tous ses soins à se faire initier dans les mystères des diverses religions païennes ; après quoi il s’aperçut qu’il était ruiné. Comme il était bien fait, instruit et spirituel, il captiva l’affection d’une riche veuve de Carthage, nommée Pudentilla, qu’il parvint à épouser. Il était encore jeune, et sa femme avait cinquante ans. Cette disproportion d’âge et la pauvreté connue. d’Apulée firent soupçonner qu’il avait employé, pour parvenir à ce riche mariage, la magie et les philtres. On disait même qu’il avait composé ces philtres avec des filets de poissons, des huîtres et des pattes d’écrevisses. Les parents de la femme, à qui ce mariage ne convenait pas, l’accusèrent de sortilège ; il parut devant ses juges, et quoique les préjugés sur la magie fussent alors en très grand crédit, Apulée plaida si bien sa cause qu’il la gagna pleinement.
Boguet et d’autres démonographes disent qu’Apulée fut métamorphosé en âne, comme quelques autres pèlerins, par le moyen des sorcières de Larisse, qu’il était allé voir pour essayer si la chose était possible et faisable[1]. La femme qui lui démontra que la chose était possible en le changeant en âne le vendit, puis le racheta. Par la suite, il devint si grand magicien qu’il se métamorphosait lui-même au besoin en cheval, en âne, en oiseau. Il se perçait le corps d’un coup d’épée sans se blesser. Il se rendait invisible, étant très bien servi par son démon familier. C’est même pour couvrir son asinisme, dit encore Delancre, qu’il a composé son livre de l’Ane d’or.
Taillepied prétend que tout cela est une confusion, et que s’il y a un âne mêlé dans l’histoire d’Apulée, c’est qu’il avait un esprit familier qui lui apparaissait sous la forme d’un âne[2]. Les véritables ânes sont peut-être ici Delancre et Boguet. Ceux qui veulent jeter du merveilleux sur toutes les actions d’Apulée affirment que, par un effet de ses charmes, sa femme était obligée de lui tenir la chandelle pendant qu’il travaillait ; d’autres disent que cet office était rempli par son démon familier. Quoi qu’il en soit, il y avait de la complaisance dans cette femme ou dans ce démon.
Outre son livre de l’Ane d’or, on a encore d’Apulée un petit traité du démon de Socrate, De deo Socratis, réfuté par saint Augustin ; il a été traduit sous ce titre : De l’esprit familier de Socrate, avec des remarques, in-12o Paris, 1698.