Arbres de la liberté
- Encyclopédie de famille
Arbres de la liberté. À l’époque de notre première révolution, et par imitation de ce qui s’était fait en Amérique à la suite de la guerre de l’indépendance, l’usage s’introduisit en France de planter dans nos communes, en général dans l’endroit le plus fréquenté, le plus apparent de la localité, un jeune peuplier qui devait grandir avec les institutions nouvelles. Ces arbres, qui existaient depuis l’institution des fueros dans certaines, provinces espagnoles , rappelaient en France les arbres de mai ; ils etaient plantés avec cérémonie. L’exemple en fut donné en 1790 par uu curé du département de la Vienne, qui fit transplanter un chêne de la forêt voisine au milieu de la place de son village. Ou préféra ensuite le peuplier ; et en moins de trois années plus de soixante mille arbres de la liberté s’élevèrent en France. Ces arbres étaient considérés comme monuments publics ; ils étaient entretenus par les habitants avec un soin religieux ; la plus légère mutilation eût été regardée comme une profanation. Des inscriptions en vers et en prose, des couplets, des strophes patriotiques attestaient la vénération des populations locales pour ces emblèmes révolutionnaires. Des lois spéciales protégèrent leur consécration. Le remplacement des arbres de la liberté qui avaient péri par l’action du temps fut ordonné le 3 pluviôse an II. La même loi ordonna qu’il en serait planté un dans le Jardin national (les Tuileries) par les orphelins des défenseurs de la patrie ; d’autres décrets prescrivirent des peines contre ceux qui détruiraient ou mutileraient les arbres de la liberté. Toutes ces lois tombèrent en désuétude sous le gouvernement consulaire, et les arbres de la liberté perdirent leur caractère politique. Ces derniers emblèmes de la révolution furent en grande partie abattus ou déracinés sous la Restauration.
Après 1830 quelques communes plantèrent encore de nouveaux arbres de la liberté, mais l’enthousiasme fut vite comprimé, et il y eut peu de ces plantations. Il n’en fut pas de même après la révolution de Février. Les encouragements des autorités provisoires né manquèrent pas aux plantations d’arbres de la liberté ; le clergé se prêta complaisamment à les bénir. Un ancien ministre de Louis-Philippe offrit même un jeune arbre de son parc parisien pour le planter devant sa porte avec cette inscription : « Jeune, tu grandiras. » L’abus fut tel qu’on a pu dire justement que si on avait laissé faire, Paris aurait été transformé en forêt. Une réaction non moins violente les fit presque tous abattre au commencement de 1850, par l’ordre du préfet de police Carlier, et faillit faire couler le sang dans les rues de la capitale. Les derniers ont disparu en 1852.