Arc
- Encyclopédie de famille
Arc, arme offensive très simple, propre à lancer des flèches : on en fait en bois de frêne, d’orme, etc., encorne, en acier. L’arc est plus fort au milieu que vers ses extrémités, entre lesquelles est tendue une corde qui sert à le bander. Les sauvages, de nos jours, en font aussi en bois ; mais ils les renforcent au moyeu de nerfs et de cordons, avec lesquels ils les serrent fortement, presque dans toute leur longueur qui est de 1m,60 à 2m. Telle était la vigueur des archers de l’antiquité, que, au rapport de Végèce, ils lançaient leurs flèches à 182 mètres. La justesse de leurs coups n’était pas moins extraordinaire. Qui n’a entendu parler de cet Aster d’Amphipolis, qui, mécontent du roi Philippe, se jeta dans la ville de Méthone, que celui-ci assiégeait, et lui creva l’œil droit en lui tirant une flèche sur laquelle il avait écrit : À l’œil droit de Philippe ! Les sauvages de l’Amérique touchent facilement une pièce de cinq francs avec leurs flèches. Le père Daniel prétendait que les archers de l’antiquité étaient plus redoutables que l’infanterie de son temps armée de fusils. À la bataille de Lépante, gagnée sur les Turcs, ceux-ci tuèrent plus de chrétiens avec leurs flèches que les chrétiens ne tuèrent de Turcs avec leurs arquebuses. Anne Comnène, dans l’histoire de l’empereur Alexis, son père, dit que les barbares (les croisés) lançaient des flèches avec tant de roideur qu’elles perçaient les meilleures armes défensives et s’enfoncaient tout entières dans les murailles des villes contre lesquelles on les tirait. Pour bander leurs arcs ou leurs arbalètes, ils se couchaient sur la terre à la renverse, appuyaient leurs pieds sur le milieu de l’arc et amenaient la corde vers la tête, en la tirant avec les deux mains.
L’arc, dont l’origine se perd dans la nuit des temps, était en usage chez tous les peuples de l’antiquité. De nos jours encore quelques peuples sauvages lancent avec l’arc des flèches parfois empoisonnées. Les Grecs attribuaient l’invention de l’arc à Apollon. Il sert en effet d’attribut à ce dieu. On le voit aussi dans les mains de Diane, d’Hercule, de Cupidon et de Pallas ; chez les Mongols il était le symbole de la royauté.
Après le licenciement des archers par Louis XI, on retrouve encore dans les villes de France des citoyens s’exerçant au tir de l’arc, de l’arbalète ou de l’arquebuse, et faisant un service communal. Leur organisation, leurs réunions, leur chef, nommé roi du papegay, parce qu’il ne prenait ce titre qu’après avoir abattu l’oiseau ou perroquet servant de cible, ont été quelquefois tournés en dérision. C’est une grave "injustice ; car cette institution a rendu de grands services. Ces compagnies de l’arc, de l’arbalète, et plus tard de l’arquebuse, véritables milices bourgeoises, troupes d’élite qui avaient fait leurs preuves en maintes circonstances, étaient au besoin mobilisées et combattaient alors à côté de l’armée active. C’est ainsi que les compagnies de Picardie prirent part, sous le règne de Louis XIV, aux sièges de Saint-Omer, d’Arras et de Dunkerque. Déjà les chevaliers de l’arbalète et de l’arquebuse avaient aidé Bayardà défendre Mézières contre Charles-Quint. Ceux de Montdidier se joignirent aux hommes d’armes de La Trémouille pour battre les Anglais en 1523, ravitaillèrent Corbie en 1591, et repoussèrent les Espagnols commandés par le grand Condé en 1653. Après le désastre de Saint-Quentin, ce fut avec le secours des arbalétriers de Crépy que Coligny défendit la place assiégée. Enfin, dans un compte rendu, publié en 1667 par Pierre Drouart, colonel de l’arquebuse parisienne, on trouve que ce corps d’élite prit une part active à la guerre de la Fronde et au combat de la porte Saint-Antoine à Paris.