Arnauld de Bresse

  • Dictionnaire infernal

Arnauld de Bresse. (Brescia), moine du douzième siècle, disciple d’Abeilard. Turbulent et ambitieux, il se fit chef de secte. Il disait que les bonnes œuvres sont préférables au sacrifice de la messe, ce qui est absurde ; car le sacrifice de la messe n’empêche pas les bonnes œuvres, il les ordonne au contraire. Il avait jeté le froc, comme tous les réformateurs. Ayant excité de grands troubles, et chargé de noirs forfaits, il fut pris et brûlé à Rome en 1155.

Cet homme est peint sous d’affreuses couleurs dans une chronique contemporaine intitulée le Maléfice, attribuée a Hues de Braye-Selves et publiée en style moderne par M. Léon Dussillet. Chassé, maudit, traqué partout, il s’est attaché à Sibylle de Bourgogne, plus connue sous le nom de la Dame aux jambes d’or, qu’on lui donna dans les croisades, que par la violence de ses passions. Pendant qu’il prépare le maléfice qui doit tuer une jeune fille dont Sibylle veut la mort, neuf gouttes de sang jaillissent d’une cicatrice qu’il avait à la joue. — Déjà ! dit le sorcier d’une voix creuse ; maître, tu comptes bien, et moi seul j’oubliais le terme. — Quel terme ? s’écria Sibylle frappée de la pâleur subite d’Arnauld de Bresse. Pour qui ce sang a-t-il coulé ? je n’avais point remarqué ce terrible stigmate, qu’on croirait imprimé avec un sceau de feu. — Ce sceau brûle en effet, répliqua le moine, toujours plus troublé et plus pâle ; et celui qui l’a imprimé ne souffre jamais qu’il s’efface. Les genoux du sorcier fléchirent sous lui, et ses membres frémirent d’une horreur invincible[1]… Il prévoyait que bientôt celui à qui il s’était vendu allait arriver ; il acheva l’envoûtement qui amena la mort de la jeune fille ; et c’est sans doute après ces abominations qu’il gagna Rome, on ne sait dans quel but. Il y mourut sur le bûcher.

1.

Chapitre III du livre cité.