Astrologie
- Dictionnaire infernal
Astrologie, art de dire la bonne aventure, de tirer les horoscopes et de prédire les événements, par l’aspect, les positions et les influences des corps célestes. — On croit que l’astrologie, qu’on appelle aussi astrologie judiciaire, parce qu’elle consiste en jugements sur les personnes et sur les choses, a pris naissance dans la Chaldée, d’où elle pénétra en Égypte, en Grèce et en Italie. Quelques antiquaires attribuent l’invention de cette science ; à Cham, fils de Noé. Le commissaire de Lamarre, dans son Traité de police, titre VII, chap. ier, ne repousse pas les opinions qui établissent qu’elle lui a été enseignée par le démon…
Diogène Laërce donne à entendre que les Égyptiens connaissaient la rondeur de la terre et la cause des éclipses. On ne peut leur disputer l’habileté en astronomie ; mais, au lieu de se tenir aux règles droites de cette science, ils en ajoutèrent d’autres qu’ils fondèrent uniquement sur leur imagination ; ce furent là les principes de l’art de deviner et de tirer les horoscopes. Ce sont eux, dit Hérodote, qui enseignèrent à quel dieu chaque mois, chaque jour est consacré ; qui observèrent les premiers sous quel ascendant un homme est né, pour prédire sa fortune, ce qui lui arriverait dans sa vie, et de quelle mort il mourrait.
« J’ai lu dans les registres du ciel tout ce qui doit vous arriver à vous et à votre fils, » disait à ses crédules enfants Bélus, prince de Babylone. Pompée, César, Crassus, croyaient à l’astrologie. Pline en parle comme d’un art respectable. Cette science gouverne encore la Perse et une grande partie de l’Asie « Rien ne se fait ici, dit Tavernier dans sa relation d’Ispahan, que de l’avis des astrologues. Ils sont plus puissants et plus redoutés que le roi, qui en a toujours quatre attachés à ses pas. Il les consulte sans cesse, et ils l’avertissent du temps où il doit se promener, de l’heure où il doit se renfermer dans son palais, se purger, se vêtir dé ses habits royaux, prendre ou quitter le sceptre, etc. Ils sont si respectés dans cette cour, que le roi Schah-Sophi étant accablé depuis plusieurs années d’infirmités que l’art ne pouvait guérir, les médecins jugèrent qu’il n’était tombé dans cet état de dépérissement que parla faute des astrologues, qui avaient mal pris l’heure à laquelle il devait être élevé sur le trône. Les astrologues reconnurent leur erreur ; ils s’assemblèrent de nouveau avec les médecins, cherchèrent de nouveau dans le ciel la véritable heure propice, ne manquèrent pas de la trouver, et la cérémonie du couronnement fut renouvelée, à la grande satisfaction de Schah-Sophi, qui mourut quelques jours après. »
Il en est de même en Chine, où l’empereur n’ose rien entreprendre sans avoir consulté son thème natal.
La vénération des Japonais pour l’astrologie est plus profonde encore : chez eux personne n’oserait construire un édifice sans avoir interrogé quelque astrologue sur la durée du bâtiment. Il y en a même qui, sur la réponse des astres, se dévouent et se tuent pour le bonheur de ceux qui doivent habiter la nouvelle maison[1].
Presque tous les anciens, Hippocrate, Virgile, Horace, Tibère, croyaient à l’astrologie. Le moyen âge en fût infecté. On tira l’horoscope de Louis XIII et de Louis XIV et Boileau dit qu’un téméraire auteur n’atteint pas le Parnasse, si son astre en naissant ne l’a formé poète.
En astrologie, on ne connaît dans le ciel que sept planètes et douze constellations dans le zodiaque. Le nombre de celles-ci n’a pas changé ; mais il y a aujourd’hui neuf fois plus de planètes. Nous ne parlerons pourtant que des sept vieilles employées seules par les astrologues. Nous n’ayons, disent-ils, aucun membre que les corps célestes ne gouvernent. Les sept planètes sont, comme, on sait, le Soleil, la Lune, Vénus, Jupiter, Mars, Mercure et Saturne. Le Soleil préside à la tête, la Lune au bras droit, Vénus au bras gauche, Jupiter à l’estomac, Mars aux parties sexuelles, Mercure au pied droit, et Saturne au pied gauche ; — ou bien Mars gouverne la tête, Vénus le bras droit, Jupiter le bras gauche, le Soleil l’estomac, la Lune les parties sexuelles, Mercure le pied droit, et Saturne le pied gauche.
Parmi les constellations, le Bélier gouverne la tête, le Taureau le cou, les Gémeaux les bras et les épaules, l’Écrevisse la poitrine et le cœur, le Lion l’estomac, la Vierge le ventre, la Balance les reins et les fesses, le Scorpion les parties sexuelles, le Sagittaire les cuisses, le Capricorne les genoux, le Verseau les jambes, et les Poissons les pieds.
On a mis aussi le monde c’est-à-dire les empires et les villes sous l’influence des constellations. Des astrologues, allemands, au seizième siècle, avaient déclaré Francfort sous l’influence du Bélier, Wurtzbourg sous celle du Taureau, Nuremberg, sous îles Gémeaux, Magdebourg sous l’Écrevisse, Ulm sous le Lion, Heidelberg sous la Vierge, Vienne sous la Balance, Munich sous le Scorpion, Stuttgard sous le Sagittaire, Augsbourg sous le Capricorne, Ingolstadt sous le Verseau, et Ratisbonne sous les Poissons.
Hermès a dit que c’est parce qu’il y a sept trous à la tête qu’il y a aussi dans le ciel sept planètes pour présider à ces trous : Saturne et Jupiter aux deux oreilles, Mars et Vénus aux deux narines, le Soleil et la Lune aux deux yeux, et Mercure à la bouche. Léon l’Hébreu, dans sa Philosophie d’amour, traduite par le sieur Duparc, Champenois, admet cette opinion, qu’il précise, très bien : « Le Soleil préside à l’œil droit, dit-il, et la Lune à l’œil gauche, parce que tous les deux sont les yeux du ciel ; Jupiter gouverne l’oreille gauche, Saturne la droite, Mars le pertuis droit du nez, Vénus le pertuis gauche, et Mercure la bouche, parce qu’il préside à la parole. »
Ajoutons encore que Saturne domine sur la vie, les changements, les édifices et les sciences ; Jupiter sur l’honneur, les souhaits, les richesses et la propreté des habits ; Mars sur la guerre, les prisons, les mariages, les haines ; le Soleil sur l’espérance, le bonheur, le gain, les héritages ; Vénus sur les amitiés et les amours ; Mercure sur les maladies, les pertes, les dettes, le commerce et la crainte ; la Lune sur les plaies, les songes et les larcins. Ainsi, du moins, le décide le livre des Admirables secrets d’Albert le Grand.
En dominant de la sorte tout ce qui arrive à l’homme, les planètes ramènent le même cours de choses toutes les fois qu’elles se retrouvent dans le ciel au lieu de l’horoscope. Jupiter se retrouve au bout de douze ans au même lieu, les honneurs seront les mêmes ; Vénus, au bout de huit ans, les amours, seront les mêmes, etc., mais dans un autre individu.
N’oublions pas non plus, que chaque planète gouverne un jour de la semaine : le Soleil le dimanche, la Lune le lundi, Mars le mardi, Mercure le mercredi, Jupiter le jeudi, Vénus le vendredi, Saturne le samedi, — que le jaune est la couleur du Soleil, le blanc celle de la Lune, le vert celle de Vénus, le rouge celle, de Mars, le bleu celle de Jupiter, le noir celle de Saturne, le mélangé celle de Mercure ; — que le Soleil préside à l’or, la Lune à l’argent, Vénus à l’étain, Mars au fer, Jupiter à l’airain, Saturne au plomb, Mercure au vif-argent, etc.
Le Soleil est bienfaisant et favorable, Saturne triste, morose et froid ; Jupiter tempéré et bénin, Mars ardent, Vénus bienveillante, Mercure inconstant, la Lune mélancolique.
Dans les constellations, le Bélier, le Lion et le Sagittaire sont chauds, secs et ardents ; le Taureau, la Vierge et le Capricorne, lourds, froids et secs ; les Gémeaux, la Balance et le Verseau, légers, chauds et humides ; l’Écrevisse, le Scorpion et les Poissons, humides, mous et froids.
Au moment de la naissance d’un enfant dont on veut tirer l’horoscope, ou bien au jour de l’événement dont on cherche à présager les suites, il faut d’abord voir sur l’astrolabe quelles sont les constellations et planètes qui dominent dans le ciel, et tirer les conséquences qu’indiquent leurs vertus, leurs qualités et leurs fonctions. Si trois signes de la même nature se rencontrent dans le ciel, comme, par exemple, le Bélier, le Lion et le Sagittaire, ces trois signes forment le trin aspect, parce qu’ils partagent le ciel en trois et qu’ils sont séparés l’un de l’autre par trois autres constellations. Cet aspect est bon et favorable.
Quand ceux qui partagent le ciel par sixièmes se rencontrent à l’heure de l’opération, comme le Bélier avec les Gémeaux, le Taureau avec l’Écrevisse, etc., ils forment l’aspect sextil, qui est médiocre.
Quand ceux qui partagent le ciel qui quatre, comme le Bélier avec l’Écrevisse, le Taureau avec le Lion, les Gémeaux avec la Vierge, se rencontrent dans le ciel, ils forment ; l’aspect carré, qui est mauvais.
Quand ceux qui se trouvent aux parties opposées du ciel, comme le Bélier avec la Balance, le Taureau avec le Scorpion, les Gémeaux avec le Sagittaire, etc., se rencontrent à l’heure de la naissance, ils forment l’aspect contraire, qui est méchant et nuisible.
Les astres, sont en conjonction quand deux planètes se trouvent réunies dans le même signe ou dans la même maison, et en opposition quand elles sont à deux points opposés.
Chaque signe du zodiaque occupe une place qu’un appelle maison céleste ou maison du soleil ; ces douze maisons du soleil coupent ainsi le zodiaque en douze parties. Chaque maison occupe trente degrés, puisque le cercle en à trois cent soixante. Les astrologues représentent les maisons par des simples numéros, dans une figure ronde ou carrée, divisée en douze cellules.
La première maison est celle du Bélier, qu’on appelle l’angle oriental en argot astrologique. C’est la maison de la vie, parce que ceux qui naissent quand celle constellation domine peuvent vivre longtemps.
La seconde maison est celle du Taureau, qu’on appelle la porte inférieure. C’est la maison des richesses et des moyens de fortune.
La troisième maison est, celle des Gémeaux, appelée la demeure des frères. C’est la maison des héritages et des bonnes successions.
La quatrième maison est celle de l’Écrevisse. On l’appelle le fond du ciel, l’angle de la terre, la demeure des parents. C’est la maison des trésors et des biens de patrimoine.
La cinquième maison est celle du Lion, dite la demeure des enfants. C’est la maison des legs et des donations.
La sixième maison est celle de la Vierge ; on l’appelle l’amour de Mars. C’est la maison deés chagrins, des revers et des maladies.
La septième maison est Celle de la Balance, qu’on appelle l’angle occidental. C’est la maison des mariages et des noces.
La huitième maison est celle du Scorpion, appelée la porte supérieure. C’est la maison de l’effroi, des craintes et de la mort.
La neuvième maison est celle du Sagittaire, appelée l’amour du soleil. C’est la maison de la piété, de la religion, des voyages et de la philosophie.
La dixième maison est celle du Capricorne, dite le milieu du ciel. C’est la maison des charges, des dignités et des couronnes.
La onzième maison est celle du Verseau, qu’on appelle l’amour de Jupiter. C’est la maison des amis, des bienfaits et de la fortune.
La douzième maison est celle des Poissons, appelée l’amour de Saturne. C’est la plus mauvaise de toutes et la plus funeste : c’est la maison des empoisonnements, des misères, de l’envie, de l’humeur noire et de la mort violente.
Le Bélier et le Scorpion sont les maisons chéries de Mars ; le Taureau et la Balance, celles de Vénus ; les Gémeaux et la Vierge, celles de Mercure ; le Sagittaire et les Poissons, celles de Jupiter ; le Capricorne et le Verseau, celles de Saturne ; le Lion, celle du Soleil ; l’Écrevisse, celle de la Lune.
Il faut examiner avec soin les rencontres des planètes avec les constellations. Si Mars, par exemple, se rencontre avec le Bélier à l’heure de la naissance, il donne du courage, de la fierté et une longue vie ; s’il se trouve avec le Taureau, richesses et courage. En un mot, Mars augmente l’influence des constellations avec lesquelles il se rencontre, et y ajoute la valeur et la force. — Saturne, qui donne les peines, les misères, les maladies, augmente les mauvaises influences et gâte les bonnes. Vénus, au contraire, augmente les bonnes influences et affaiblit les mauvaises. — Mercure augmente ou affaiblit les influences suivant ses conjonctions : s’il se rencontre avec les Poissons, qui sont mauvais, il devient moins bon ; s’il se trouve avec le Capricorne, qui est favorable, il devient meilleur. — La Lime joint la mélancolie aux constellations heureuses ; elle ajoute la tristesse ou la démence aux constellations funestes. — Jupiter, qui donne les richesses et les honneurs, augmente les bonnes influences et dissipe à peu près les mauvaises. — Le Soleil ascendant donne les faveurs des princes ; il a sur les influences presque autant d’effet que Jupiter ; mais descendant il présage des revers.
Ajoutons que les Gémeaux, la Balance et la Vierge donnent la beauté par excellence ; le Scorpion, le Capricorne et les Poissons donnent une beauté médiocre. Les autres constellations donnent plus où moins là laideur, — La Vierge, la Balance, le Verseau et les Gémeaux donnent une belle voix ; l’Écrevisse, le Scorpion et les Poissons donnent une voix nulle où désagréable. Les autres constellations n’ont pas d’influence sur la voix.
Si les planètes et les constellations se trouvent à l’orient à l’heure de l’horoscope, on éprouvera leur influence au commencement de la vie ou de l’entreprise ; on l’éprouvera au milieu si elles sont au haut du ciel, et à la fin si elles sont à l’occident.
Afin que l’horoscope ne trompe point, il faut avoir soin d’en commencer les opérations précisément à là minute où l’enfant est né, ou à l’instant précis d’une affaire dont ou veut savoir les suites. — Pour ceux qui n’exigent pas une exactitude si sévère, il y a des horoscopes tout dressés, d’après les constellations de la naissance. (Voyez : Horoscopes).
Tels sont en peu de mois, les principes de cet art, autrefois si vanté, si universellement répandu, et maintenant un peu tombé en désuétude. Les astrologues conviennent que le globe roule si rapidement, que la disposition des astres change en un moment. Il faudra donc, pour tirer les horoscopes, que les sages-femmes aient soin de regarder attentivement les horloges, de marquer exactement chaque point du jour, et de conserver à celui qui naît ses étoiles comme son patrimoine. « Mais combien dé fois, dit Barclai, le péril des mères empêche-t-il ceux qui sont autour d’elles de songer à cela ! Et combien de fois ne se trouve-t-il là personne qui soit assez superstitieux pour s’en occuper ! Supposez, cependant, qu’on y ait pris garde, si l’enfant est longtemps à naître, et si, ayant montré la tête, le reste du corps ne paraît pas de suite, comme il arrive, quelle disposition des astres sera funeste ou favorable ? sera-ce celle qui aura présidé à l’apparition de la tête, ou celle qui se sera rencontrée quand l’enfant est entièrement né ?… »