Béhémoth
- Dictionnaire infernal
Béhémoth, démon lourd et stupide, malgré ses dignités. Sa force est dans ses reins ; ses domaines sont la gourmandise et les plaisirs du ventre. Quelques démonomanes disent qu’il est aux enfers sommelier et grand échanson. Bodin croit[1] que Béhémoth n’est autre chose que le Pharaon d’Égypte qui persécuta les Hébreux. Il est parlé de Béhémoth dans Job comme d’une créature monstrueuse. Des commentateurs prétendent que c’est la baleine, et d’autres que c’est l’éléphant ; mais il y eut d’autres monstres dont les races ont disparu. On voit dans le procès d’Urbain Grandier que Béhémoth est bien un démon. Delancre dit qu’on l’a pris pour un animal monstrueux, parce qu’il se donne la forme de toutes les grosses bêtes. Il ajoute que Béhémoth se déguise aussi avec perfection en chien, en éléphant, en renard et en loup.
Si Wierus, notre oracle en ce qui concerne les démons, n’admet pas Béhémoth dans son inventaire de la monarchie infernale, il dit, livre Ier, des Prestiges des démons, chapitre xxi, que Béhémoth ou l’éléphant pourrait bien être Satan luimême, dont on désigne ainsi la vaste puissance.
Enfin, parce qu’on lit, au chapitre xl de Job, que Béhémoth mange du foin comme un bœuf, les rabbins ont fait de lui le bœuf merveilleux réservé pour le festin de leur Messie. Ce bœuf est si énorme, disent-ils, qu’il avale tous les jours le foin de mille montagnes immenses, dont il s’engraisse depuis le commencement du inonde. Il ne quitte jamais ses mille montagnes, où l’herbe qu’il a mangée le jour repousse la nuit pour le lendemain. Ils ajoutent que Dieu tua la femelle de ce bœuf au commencement ; car on ne pouvait laisser multiplier une telle race. Les Juifs se promettent bien de la joie au festin où il fera la pièce de résistance. Ils jurent par leur part du bœuf Béhémoth.