Benoît IX
- Dictionnaire infernal
Benoît IX, cent cinquantième pape, élu en 1033, dans un temps de troubles, où les partis se disputaient Rome. Il eut à lutter contre des antipapes qui l’ont fort noirci. On a dit qu’il était magicien, et que, renversé du saint-siège par ses ennemis, il y remonta deux fois par son pouvoir magique. C’est un peu niais. On a dit encore avec autant de bon sens qu’il prédisait les choses futures, et qu’il était habile enchanteur ; ce que Naudé a pulvérisé.
L’auteur calviniste des grands et redoutables jugements de Dieu ajoute même qu’il fut étranglé par le diable, et qu’après sa mort son âme fut condamnée à errer dans les forêts, sous la forme d’une bête sauvage, avec un corps d’ours à longs poils, une queue de chat et une tête d’âne. Un ermite qui le rencontra lui demanda pourquoi il avait cette figure. « J’étais un monstre, répondit Benoît, et vous voyez mon âme telle qu’elle a toujours été. » Voilà qui est très gracieux. Mais Benoît IX, au contraire, mourut dans la retraite, sous le cilice, pieusement et saintement, en 1054. C’est encore là une des victimes de la calomnie historique.