Bouc
- Dictionnaire infernal
Bouc. C’est sous la forme d’un grand bouc noir aux yeux étincelants que le diable se fait adorer au sabbat ; il prend fréquemment cette figure dans ses entrevues avec les sorcières, et le maître des sabbats n’est pas autrement désigné dans beaucoup de procédures que sous le nom de bouc noir ou grand bouc. Le bouc et le manche à balai sont aussi la monture ordinaire des sorcières, qui partent par la cheminée pour leurs assemblées nocturnes.
Le bouc, chez les Égyptiens, représentait le dieu Pan, et plusieurs démonographes disent que Pan est le démon du sabbat. Chez les Grecs, on immolait le bouc à Bacchus ; d’autres démonomanes pensent que le démon du sabbat est Bacchus. Enfin le bouc émissaire des Juifs (Azazel) hantait les forêts et les lieux déserts consacrés au démon : voilà encore, dans certaines opinions, les motifs qui ont placé le bouc au sabbat. (Voyez : Sabbat).
L’auteur des Admirables secrets d’Albert le Grand dit, au chapitre iii du livre II, que si on se frotte le visage de sang de bouc qui aura bouilli avec du verre et du vinaigre, on aura incontinent des visions horribles et épouvantables. On peut procurer la même surprise à des étrangers qu’on voudra troubler. Les villageois disent que le diable se montre fréquemment en forme de bouc à ceux qui le font venir avec le Grimoire. Ce fut sous la figure d’un grand bouc qu’il emporta Guillaume le Roux, roi d’Angleterre.
Voici une aventure de bouc qui peut tenir ici sa place. Un voyageur couché dans une chambre d’auberge avait pour voisinage, sans le savoir, une compagnie de chèvres et de boucs, dont il n’était séparé que par une cloison de bois fort mince, ouverte en plusieurs endroits. Il s’était couché sans examiner son gîte et dormait paisiblement lorsqu’il reçut la visite d’un bouc son voisin : l’animal avait profité d’une ouverture pour venir le voir. Le bruit de ses sabots éveilla l’étranger, qui le prit d’abord pour un voleur. Le bouc s’approcha du lit et mit ses deux pieds dessus. Le voyageur, balançant entre le choix d’une prompte retraite ou d’une attaque vigoureuse, prit le parti de se saisir du voleur prétendu. Ses pieds, qui d’abord se présentent au bord du lit, commencent à l’intriguer ; son effroi augmente, lorsqu’il touche une face pointue, une longue barbe, des cornes… Persuadé que ce ne peut être que le diable, il saute de son lit tout troublé. Le jour vint seul le rassurer en lui faisant connaître son prétendu démon. (Voyez : Grimoire).