Catherine de Médicis
- Dictionnaire infernal
Catherine de Médicis, célèbre reine de France, singulièrement maltraitée dans l’histoire, où l’esprit de la réforme n’a pas ménagé les princes catholiques: née à Florence en 1519, morte en 1589. Elle avait foi à l’astrologie judiciaire et, s’il faut en croire les protestants, à la magie ; ils l’accusaient même d’avoir porté sur l’estomac une peau de vélin, peut-être d’un enfant égorgé (voyez l’effet de ce peut-être en histoire), laquelle peau, semée de figures, de lettres et de caractères de différentes couleurs, devait la garantir de toute entreprise contre sa personne. Elle fit faire la colonne de l’hôtel de Soissons[1], dans le fût de laquelle il y avait un escalier avis pour monter à la sphère armillaire qui est au haut. Elle allait y consulter les astres avec ses astrologues.
Cette princesse, que l’on a fort noircie, eut beaucoup d’ennemis, surtout les huguenots, qui alors ne reculaient devant aucune calomnie. Ils la représentent comme ayant été très versée dans l’art d’évoquer les esprits ; ils ajoutent que, sur la peau d’enfant qu’elle portait au cou, étaient représentées plusieurs divinités païennes. Étant tombée gravement malade, elle remit, disent-ils, à M. de Mesmes une boîte hermétiquement fermée, en lui faisant promettre de ne jamais l’ouvrir et de la lui rendre si elle revenait à la vie. Longtemps après, les enfants du dépositaire, ayant ouvert la boîte, dans l’espoir d’y trouver des pierreries ou un trésor, n’y découvrirent qu’une médaille de forme antique, large et ovale, où Catherine de Médicis était représentée à genoux, adorant les Furies et leur présentant une offrande.
Ce conte absurde donne la mesure de vingt autres. Catherine de Médicis survécut à M. de Mesmes, et elle n’aurait pas manqué de retirer la cassette.
Elle avait attaché à sa personne, suivant l’usage du temps, quelques astrologues, parmi lesquels il ne faut pas oublier l’illustre Luc Gauric. Ils lui prédirent que Saint-Germain la verrait mourir. Dès lors elle ne voulut plus demeurer à SaintGermain en Laye et n’alla plus à l’église de Saint-Germain d’Auxerre. Mais l’évêque de Nazareth, l’ayant assistée à l’heure de sa mort, on regarda la prédiction comme accomplie, attendu que ce prélat s’appelait Nicolas de Saint-Germain.