Chicorée
- Agriculture
- Encyclopédie moderne
Chicorée. La chicorée sauvage (cichorium intybus) appartient à la famille des semiflosculeuses. C’est une plante herbacée, à racine pivotante, vivace, et dont la tige, peu ramifiée, s’élève à plus d’un mètre de hauteur. Les fleurs sont ordinairement d’un beau bleu d’azur.
En agriculture, on distingue deux variétés de chicorées :
1° La chicorée sauvage fourragère ;
2° La chicorée sauvage à café.
1° Très-commune dans la plupart des bons herbages, la chicorée sauvage peut être cultivée avec succès pour l’alimentation du bétail, soit seule, soit mélangée avec le ray-grass, le trèfle, etc. Pour en tirer le meilleur parti possible, il est nécessaire de la faire consommer en vert : sa dessiccation est très difficile, et il y a toujours perte à la réduire en foin.
La chicorée présente un fourrage abondant, précoce, hygiénique, très propre à rétablir, au printemps, la santé des animaux qui auraient souffert de la nourriture sèche de l’hiver. Elle convient aux ruminants, aux porcs et même aux chevaux ; cependant comme la chicorée exerce d’abord une légère action purgative, il ne faut la faire entrer que pour une partie, la moitié par exemple, dans la nourriture des animaux ; d’un autre côté, si l’on en donnait à des vaches, pendant quelque temps, en proportion considérable, leur lait ne tarderait pas à acquérir une amertume analogue à celle du végétal qui aurait servi à leur alimentation.
Cette plante, que l’on cultive en diverses parties de l’Europe, s’accommode de presque tous les terrains, mais elle réussit le mieux dans les sols frais, argileux, lorsqu’ils ont assez de profondeur pour que la racine qui s’enfonce verticalement puisse librement se développer.
On sème à la volée douze kilogrammes de graines par hectare, et l’on recouvre légèrement à la herse, comme pour les fourrages artificiels, trèfle, luzerne, sainfoin ; on jette la semence au printemps dans une céréale, et l’on ne commence ordinairement à récolter que l’année suivante.
Dans des conditions favorables, il est possible d’obtenir deux et trois coupes ; mais, le plus souvent, après la première coupe, il est plus convenable de faire pâturer à mesure que la plante repousse, que d’attendre pour faire de nouvelles coupes ; car, pendant les chaleurs, au lieu de produire des feuilles radicales, tendres et nombreuses comme au printemps, elle émet presque immédiatement des tiges qui durcissent avec rapidité, et auxquelles le bétail ne touche pas.
Cultivée seule, la chicorée, quoique vivace, ne doit pas être conservée plus de deux ou trois ans ; au delà de ce terme, les produits sont beaucoup moins abondants.
Les racines conservent longtemps la puissance de reproduire la plante, et si le défrichement n’est pas opéré avec une bonne charrue, dont le soc coupe la bande de terre dans toute sa largeur, on court risque de voir la chicorée reparaître pendant plusieurs années.
Outre son produit en fourrage qui s’obtient dans les champs, on utilise dans les jardins les feuilles naissantes de la chicorée sauvage pour en faire une salade un peu amère, mais fort saine. C’est encore cette plante qui, étiolée dans les caves, se vend à Paris, comme salade d’hiver, sous le nom de barbe de capucin.
La chicorée blanche des jardins est une autre espèce (cichorium endivia). On en cultive deux variétés principales : la chicorée frisée et l’escarole.
2° La racine de chicorée sert à fabriquer une sorte de poudre caféiforme, que l’on emploie en la mélangeant avec le café, pour atténuer les propriétés stimulantes de celui-ci.
La variété qui porte le nom de chicorée à café se distingue de la chicorée ordinaire par ses feuilles plus larges et ses racines plus grosses (2 à 3 centimètres de diamètre). On la cultive principalement en Allemagne, en Belgique et dans le nord de la France. Elle demande une terre fertile et profondément labourée. Le fumier ne doit être employé qu’en petite quantité et bien consommé ; et même, si la terre est assez riche, on ne fume pas ; car l’engrais fait pousser dn chevelu et donne mauvais goût aux racines.
La quantité de semence à répandre par hectare n’est que de 5 à 6 kilogrammes. Quoique le semis ait lieu généralement à la volée, il vaudrait mieux le faire en lignes pour faciliter les sarclages que cette plante exige. On doit éclaircir de manière que les plantes soient espacées de 20 centimètres en tous sens.