Cobalt

  • Encyclopédie de famille

Cobalt, corps simple métallique, presque inodore, insipide, dur, fragile, à grain fin et serré, d’une couleur blanche nuancée de bleu, s’il est bien pur. Ordinairement il présente une couleur grise bleuâtre, parce qu’il retient quelques atomes de charbon. Sa pesanteur spécifique varie de 7,7 à 8,6, suivant sa pureté. Il jouit, comme le fer et le nickel, de la propriété magnétique, mais à un moindre degré ; d’un autre côté, il la conserve lorsqu’elle lui a été communiquée. Ce métal est cassant, peu ductile et peu malléable. Chauffé au rouge au contact de l’air, il en absorbe rapidement l’oxygène ; sans action sur l’eau à froid, il la décompose à la chaleur rouge. Ce fut Brandt qui découvrit en 1732 le cobalt dans un minerai employé depuis 1540 pour colorer le verre. Il existe dans la nature en très petite quantité, à l’état d’oxyde, de sulfate et d’arséniate : les deux minerais dont on le tire communément sont connus sous les noms de cobalt arsenical et de cobalt gris. Le cobalt fait partie, à l’état d’alliage, de la plupart des fers météoriques. Il s’unit d’ailleurs à presque tous les corps simples.

Lorsqu’il doit servir à la préparation de l’azur, on bocarde le minerai, et après l’avoir lavé on le grille dans des fourneaux à cheminée plusieurs fois coudée, pour en enlever l’arsenic et le soufre. Quand le minerai ne renferme pas de nickel ou n’en offre que de très faibles proportions, le résidu du grillage ne contient que de l’oxyde de cobalt et de fer ; si le nickel existe en grande quantité dans la matière première, on grille moins, et on obtient une matière fondue, le speiss, qui contient beaucoup de nickel, un peu de cobalt, de fer, de soufre et d’arsenic, et qui sert particulièrement à préparer le pack fond. La matière provenant du grillage est fondue avec du quartz en poudre et de la potasse pour donner le smalt, espèce de verre coloré : cette fonte s’opère dans des creusets ou pots analogues à ceux que l’on emploie dans les verreries ; il se précipite au fond de chacun d’eux du speiss, quand la mine est riche en nickel, et audessus deux couches, l’inférieure de smalt, celle qui est au-dessus de fiel de verre, que l’on enlève d’abord ; ensuite, on puise avec une cuiller le verre bleu, que l’on coule dans l’eau pour le briser. Le verre est alors bocardé à sec, puis broyé sous des meules avec de l’eau, que l’on y ajoute par petites quantités, de manière à le réduire en une bouillie claire ; on jette le tout dans les cuves, où l’azur le plus gros se précipite le premier ; après avoir décanté la liqueur, on recommence l’opération à plusieurs reprises, et on obtient par là des azurs de diverses qualités, que l’on dessèche, soit dans des étuves, soit à l’air ; on broie ensuite les masses dures, et on tamise la poudre. M. Thénard a tiré de la même substance le bleu de cobalt, employé dans la peinture à la place de l’outremer. Le zincate de cobalt ou vert de Rinmann s’obtient en précipitant par le carbonate de soude une dissolution d’une partie de sulfate de cobalt pour deux ou trois de sulfate de zinc.

Les sels de cobalt en dissolution dans l’eau sont quelquefois employés comme encre de sympathie. En chauffant le papier, le sel se dessèche, et donne une couleur bleue qui disparaît ensuite par l’humidité de l’air, ou en y insufflant l’haleine ; si le cobalt contient un peu de fer, la couleur est verte.