Cochon
- Dictionnaire infernal
Cochon. Est-il vrai, comme le croit le peuple, que de tous les animaux le cochon soit celui dont l’organisation ait le plus de ressemblance avec celle de l’homme ? Sur ce point, dit M. Salgues, on ne saurait mieux faire que de s’en rapporter à Cuvier. Or, voici ce que lui ont révélé ses recherches. L’estomac de l’homme et celui du cochon n’ont aucune ressemblance : dans l’homme, ce viscère a la forme d’une cornemuse ; dans le cochon, il est globuleux ; dans l’homme, le foie est divisé en trois lobes ; dans le cochon, il est divisé en quatre : dans l’homme, la rate est courte et ramassée ; dans le cochon, elle est longue et plate ; dans l’homme, le canal intestinal égale sept à huit fois la longueur du corps ; dans le cochon, il égale quinze à dix-huit fois la même longueur. Son cœur présente des différences notables avec celui de l’homme ; et j’ajouterai, pour la satisfaction des savants et des beaux esprits, que le volume de son cerveau est aussi beaucoup moins considérable, ce qui prouve que ses facultés intellectuelles sont inférieures à celles de nos académiciens.
Il y aurait bien des choses a dire sur le cochon. Le diable s’est souvent montré sous sa figure ; et elle est digne de lui. On conte à Naples qu’autrefois il apparaissait souvent avec cette forme dans le lieu même où l’église de Sainte-MarieMajeure a depuis été bâtie, ce qui réjouissait peu les Napolitains. Dès que l’église fut commencée, la singulière apparition ne se montra plus. C’est en mémoire de cet événement que l’évêque Pomponius fit faire le pourceau de bronze qui est encore sur le portail de cette église. Camérarius raconte que, dans une ville d’Allemagne, un juif malade étant venu chez une vieille, et lui ayant demandé du lait de femme, qu’il croyait propre à le guérir, la sorcière s’avisa de traire une truie et en porta le lait au juif, qui le but. Ce lait commençant à opérer, le juif s’aperçut qu’il grognait et devina la ruse de la sorcière, qui voulait sans doute lui faire subir la métamorphose des compagnons d’Ulysse. Il jeta le reste du lait sans le boire, et incontinent tous les cochons du voisinage moururent[1]