Delta

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Delta. Il existe à l’embouchure dans la mer de presque tous les grands fleuves, le Rhône, le Pô, le Danube, le Nil, le Mississipi, le Gange, etc., par exemple , une plaine peu élevée à travers laquelle passe le fleuve, en se divisant en plusieurs branches, pour se rendre à la mer. Cette plaine a la forme d’un triangle irrégulier dont la base s’appuie sur la côte, et le sommet se trouve dans le lit du fleuve, vers la naissance des branches dont nous venons de parler. C’est à cause de l’analogie de la forme de cette plaine avec la lettre grecque Δ, qu’on lui a donné le nom de delta, par lequel on a d’abord désigné le grand et célèbre dépôt formé annuellement et traversé par les différentes ramifications du Nil.

Les deltas sont des dépôts d’alluvions formés par les eaux des fleuves, qui, se trouvant alors avoir perdu la plus grande partie de leur vitesse, ne tiennent plus en suspension que des matières ténues, d’où résulte une vase fine, qui, desséchée, est toujours d’une grande fertilité : tout le monde connaît celle de la Basse-Égypte, qui n’est autre chose que le delta du Nil.

On conçoit, d’après cela, la grande importance de l’étude de ces dépôts pour l’agriculture ; mais cette étude a révélé aussi des faits géologiques et même archéologiques entièrement curieux, rassemblés dans le premier volume des Leçons de géologie pratique que publie actuellement M. Elie de Beaumont. Voici quel parait être le mode de formation de ces dépôts. Quand les eaux des fleuves tombent dans la mer, elles perdent leur vitesse, et les matières qu’elles tiennent en suspension se précipitent. A cet endroit même aussi les vagues de la mer accumulent des sables ; et il en résulte un sédiment en forme de cordon, que les vagues poussent continuellement vers la côte, et qui finit par s’élever au-dessus des eaux, au point que le fleuve n’apporte plus ses alluvions que dans les lagunes comprises entre le cordon et la terre ferme. L’effet se continuant, les lagunes se comblent peu à peu, dans les dépôts d’alluvions ; les rives du fleuve s’élèvent plus que les autres parties, et il en résulte des digues qui encaissent le lit. Les crues rompent ces digues, et il s’établit ainsi des branches latérales qui partent du lit principal comme d’un tronc, et dont chacune présente les mêmes phénomènes que celui-ci. De cette manière, les alluvions finissent par être portées dans toutes les parties des lagunes, qui ont ainsi fini par se combler et former la plaine qui se trouve maintenant au-dessus du niveau du fleuve, et qu’il ne couvre plus que dans les grands débordements.