Denier

  • Encyclopédie de famille

Denier, petite pièce de monnaie romaine d’argent qui valait dix as dans l’origine et ensuite 16 as ; elle ne date que de la première guerre punique (an de Rome 485), et portait pour marque un X, chiffre indicatif de sa valeur. Jusqu’à Auguste, le denier répondit à 87 centimes de notre monnaie et depuis à 78.

L’administration romaine, que la conquête introduisit chez tous les peuples, popularisa partout le denier, soit dans le sens absolu d’argent soit avec une valeur déterminée. Sous les Mérovingiens, c’était une petite pièce de 9 à 11 millimètres de diamètre et d’un millimètre d’épaisseur. Le poids du denier augmenta sous Charlemagne : son diamètre fut porté à 15 ou 18 millimètres ; mais son épaisseur réduite à un demi-millimètre tout au plus ; il valait alors 2 oboles. La cupidité des seigneurs féodaux qui battaient monnaie fit altérer le denier, qui jusqu’alors avait été d’argent fin ; vers l’an 1100 il pesait 15 à 20 grains, et contenait plus de cuivre que d’argent. Il y eut alors autant de deniers que de villes ayant droit de monnayage. Philippe-Auguste ordonna qu’on ne frapperait dans ses États au nord de la Loire que des deniers parisis, et au midi de ce fleuve des deniers tournois ; ces derniers finirent par être seuls en usage. Louis IX frappa une pièce d’argent fin de la valeur d’un sou, ou 12 deniers, et qui fut appelée gros denier tournois, ou gros denier blanc, par opposition aux deniers de billon, dits deniers noirs. Jusqu’à Henri III, le denier continua d’être en billon,mais en perdant toujours de son aloi. Enfin il ne fut plus sous le dernier Valois qu’une pièce de cuivre, et disparut entièrement sous Louis XIV. Ce ne fut plus dès lorsqu’une monnaie de compte. Il y a eu des deniera d’or depuis saint Louis jusqu’à Charles VII ; ils valaient d’abord 12 sous et furent ensuite portés tantôt à 20, tantôt à 25. Du temps de Philippe de Valois, il y eut un denier d’or à l’écu, qui valait 45 sous.

Denier se prend aussi pour argent en général, en quelque espèce de monnaie que ce soit ; acheter à beaux deniers comptants. Dans la langue du droit, deniers se prend encore plus génériquement dans le sens de biens : les deniers dotaux, les deniers publics. Cette expression denier servait encore autrefois à fixer le taux de l’intérêt de l’argent : ainsi, l’on disait le denier huit, le denier dix, le denier vingt, le denier cent ; ce qui signifiait que, pour réaliser un denier d’intérêt il fallait en livrer à l’emprunteur huit, dix, vingt, cent.

Le denier à Dieu est, dans certaines conventions verbales, donné par l’une des parties à l’autre, en signe de l’engagement. Dans les locations verbales le denier à Dieu se donne au concierge, qui doit le rendre si le locataire se dédit dans le temps voulu. Lorsque le denier à Dieu est donné par le maître au domestique, le maître le perd s’il se désiste ; mais si c’est le domestique qui se dédit, il le restitue.

On appela denier de Saint-Pierre l’impôt d’un penny (deux sous) par feu qu’à partir du huitième siècle l’Angleterre consentit à payer au pape. Il était acquitté chaque année le jour de la Saint-Pierre, et au treizième siècle il dépassait déjà de beaucoup le revenu en argent des rois d’Angleterre. Henri VIII le supprima, en vertu de l’acte du parlement rendu en 1532. Les événements qui eu 1860 enlevèrent au pape la majeure partie de ses États en Italie, apportèrent un trouble profond dans toutes les branches de l’administration pontificale. Afin de combler les vides du trésor, on eut d’abord recours à un emprunt, puis au denier de Saint-Pierre, qui fut rétabli dans toutes les églises catholiques. Grâce aux efforts du clergé les offrandes se multiplièrent de tous côtés, et le chiffre, qui du reste n’a jamais été publié, peut en être évalué par an à 10 ou 12 millions de francs.