Dynastie des Aghlabites

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Aghlabites (Dynastie des). Vers la seconde moitié du septième siècle de notre ère, les Arabes s’étaient emparés de l’Afrique romaine, et, pendant cent cinquante ans environ, cette vaste province reçut de Damas ou de Baghdad les gouverneurs qui venaient l’administrer au nom des khalifes. Leur pouvoir cependant fut souvent contesté par les indigènes, et à l’époque des troubles suscités dans l’islamisme par le renversement des Ommiades, la tribu puissante des Werfadjoumah avait repoussé les Arabes hors de son territoire. Ebn-el-Aghlab, de la tribu des Benou-Tamim, fut un des officiers envoyés pour combattre ces rebelles. Habile général, il contribua puissamment à leur défaite, et les Abbassides l’investirent, en récompense, du gouvernement de la province du Zab, puis bientôt après de celui de toute l’Afrique. Enfin, en l’an 184 de l’hégire (de J. C. 800 Haroun-el-reschid, renonçant au droit de nommer de nouveaux gouverneurs à la mort de chacun d’eux, accorda à Ibrahim, fils d’El-Aghlab, et à ses enfants après lui, l’investiture de cette ancienne province de l’empire romain.

Dès lors tout changea dans le pays : la décision du souverain de Baghdad en formant de l’Afrique un vaste fief possédé par les Aghlabites, sous la suzeraineté des khalifes de la maison d’Abbas, avait donné une vie nouvelle à toute la contrée. Des villes s’élevèrent de toute part, et dans celles qui existaient déjà on mit en œuvre les riches débris de l’art romain dont l’usage n’était pas interdit par les prescriptions religieuses. Casr-el-Cadim et plus tard Raccadah devinrent la demeure favorite des Aghlabites ; Caïrouan, loin d’avoir à leur envier ce privilège, vit s’élever dans ses murs des mosquées de marbre et se creuser près de ses portes d’immenses réservoirs. Des ponts étaient jetés sur les fleuves ; des palais, des jardins plantés d’arbres de toute espèce ornaient les principales cités. La défense du pays n’avait pas été négligée parmi ces travaux divers. Les villes démantelées étaient entourées de murailles ; de nombreux châteaux forts protégeaient les frontières du Maghreb, et un système de signaux, à l’aide de feux allumés sur les côtes, pouvait en une seule nuit porter un ordre du détroit de Gibraltar aux frontières de l’Égypte. Un système régulier de communications reliait en outre les points les plus éloignés de l’empire. Le commerce facilité dans ses relations avec l’intérieur par la pacification des tribus, l’agriculture encouragée par la modération et la taxe régulière des impôts, suffisaient aux dépenses exigées partant d’améliorations.

Les sciences, les arts, Véducation publique participaient dans ces lointaines contrées au mouvement progressif qui donnait alors un si vif éclat à la cour de Baghdad. Ibrahim-ben-el-Aghlab recevait à Casr-el-Cadim les ambassadeurs de Charlemagne, tandis que les jeunes légistes de sa capitale allaient étudier dans les villes saintes les sages maximes des imams les plus renommés. Jusqu’aux sables du Sahara étaient franchis par ses agents, et ses successeurs armèrent plusieurs fois, pour leurs conquêtes, les noirs que leur or arrachait aux déserts du Soudan.

Ibrahim-ben-el-Aghlab et Abou-l-Abbas, son frère et son successeur, avaient étendu au loin leur conquête sans toutefois sortir du continent. Ziadet-Allah, le troisième prince de la dynastie des Aghlabites, fut plus hardi : appelé en Sicile par des Grecs mécontents du joug qui les soumettait à l’empire de Constantinople, il envoya dans cette île une armée commandée par Açad-ben-el-firat, cadi de Caïrouan et, grâce aux dissensions des Siciliens, les Arabes furent, en quelques années, maîtres de l’île entière. La reddition de Palerme, en l’an de l’hégire 217, peut déterminer à peu près l’époque de leur véritable domination en Sicile. Mais cette domination fut loin d’être paisible, et les gouverneurs envoyés par les Aghlabites eurent longtemps à combattre chaque année pour pouvoir recueillir les impôts au prix desquels les chrétiens conservaient l’exercice de leur religion.

Toutefois, la conquête bien accomplie, les Arabes renoncèrent aux mesures sévères qu’ils avaient adoptées d’abord pour frapper de terreur tout ce qui avait une pensée de résistance. L’agriculture leur dut ses plus grands progrès. Le coton apporté par eux des champs syriens, la canne à sucre, le frêne qui produit la manne, le pistachier, ne sont connus en Sicile que depuis la domination des Arabes. Les arts, l’industrie n’étaient pas moins favorisés par eux : la soie, habilement travaillée, formait une branche importante de commerce, et, sur l’ordre des princes aghlabites, on voyait s’élever, dans les villes principales, de somptueux édifices, dont quelques-uns témoignent encore de la haute civilisation à laquelle ces souverains étaient parvenus.