Empire d’Achanti
- Géographie et Histoire
- Amédée Tardieu
- Encyclopédie moderne
Achanti (Empire d’). Le peuple des Achantis, qui domine aujourd’hui sur toute la Côte d’Or et sur une grande partie de la Nigritie, était encore inconnu à la fin du dix-huitième siècle ; ou du moins on n’avait sur la situation et l’étendue de ce royaume, comme sur les mœurs et sur l’origine de ses habitants, que des données vagues et contradictoires. Une longue guerre entre les Achantis et les Fantis, peuple de la Côte-d’Or voisin du golfe de Guinée, fit descendre les Achantis des montagnes de l’intérieur, et les amena jusque sous les forts anglais et hollandais qui protègent le commerce sur cette côte. Ce fut ainsi que les Européens connurent ce peuple belliqueux.
Cette guerre commença en 1806 à l’occasion de l’hospitalité et des secours que les Fantis de la ville d’Annamaboe avaient donnés au roi du pays d’Assin, pays intermédiaire entre le royaume d’Achanti et le Fanti ; elle se prolongea pendant les années 1806, 1807 ; reprit avec plus de force en 1808, 1811, 1816, et, malgré l’épuisement des Fantis, ne cessa jamais entièrement. Les Hollandais et les Anglais, dont les principaux établissements sont situés dans le pays des Fantis, se trouvèrent mêlés à cette cruelle guerre et en souffrirent souvent : les Hollandais y perdirent le fort d’Amsterdam ou de Cormantine, que Ruyter avait enlevé aux Anglais en 1663 ; ils se virent même assiégés plusieurs fois par les Achantis dans Elmina ou Saint-George de la Mine, le chef-lieu de leurs établissements ; les Anglais aussi soutinrent un siège terrible dans le fort d’Annamaboe contre 20,000 Achantis. Mais ils entrèrent dès 1807 en négociation avec ce peuple ; intervinrent en faveur des Fanlis en 1816 ; envoyèrent, en 1817, une ambassade à Coumassie, capitale des Achantis, et y laissèrent un résident. En même temps, ils préparèrent les moyens de changer dans ces contrées leurs forts en comptoirs et en vastes entrepôts, firent relever avec soin les côtes difficiles et dangereuses de cette partie du golfe de Guinée, ménagèrent les tribus intermédiaires qui, comme les Fantis, pouvaient entraver les relations commerciales, et pressèrent enfin la colonisation, auparavant négligée. La richesse, la civilisation, la puissance et l’étendue de l’empire d’Achanti légitimaient une semblable prévoyance.
Cet empire comprend toute la Côte-d’Or ; à l’Ouest, le pays des Quaquas le sépare de la côte des Dents, et à l’Est, le fleuve Volta, du vaste royaume de Dahomey. On ne connaît pas exactement ses limites septentrionales, mais sa puissance paraît s’étendre jusqu’aux montagnes de Kong. Cet immense territoire est arrosé par plusieurs rivières ; mais peu d’entre elles sont navigables, et cette circonstance doit nuire au développement du commerce européen avec l’intérieur même du pays. Le fleuve Volta, nommé Adirri dans la partie supérieure de son cours, descend des montagnes de Kong, et se jette dans le golfe de Guinée, après un cours de cent quarante lieues environ ; le Laka est un affluent de ce fleuve. La Chama ou Praa, nommée encore rivière Saint-Jean, formée par la Bossempra et le Birrim, qui se réunissent dans le pays d’Assin, se jette dans la mer près de la ville de Chama et du fort hollandais Saint-Sébastien, après un cours de trente lieues du nord au sud. On croit qu’elle reçoit à droite une rivière nommée l’Ofim ou Foum, qui prend sa source dans l’Achanti proprement dit.