Encres sympathiques
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Encres sympathiques. Ces encres ont la propriété curieuse de former des caractères invisibles que l’on peut faire paraître à volonté, en approchant le papier du feu, ou à l’aide de réactifs appropriés.
L’encre de sympathie que l’on observa la première, et que Waitz publia dès 1705, est encore l’une des plus jolies et des mieux caractérisées : on l’obtient en dissolvant l’hydrochlorate de cobalt dans une quantité d’eau pure suffisante pour que la couleur de la solution soit à peine sensible dans un flacon d’un décilitre. Les caractères invisibles tracés avec cette encre apparaissent en bleu dès qu’on chauffe légèrement le papier ; ils disparaissent de nouveau en éloignant le papier du feu, et plus rapidement encore en exhalant dessus l’air humide de la respiration.
Si l’on ajoute à la solution un peu d’hydrochlorate de triloxyde de fer, l’encre sympathique devient verte et d’un effet plus vif.
Veut-on en obtenir une application qui paraisse surprenante ? Que l’on dessine à l’encre de la Chine un paysage représentant une scène d’hiver ; qu’ensuite on ajoute avec l’encre sympathique les feuilles aux arbres et le gazon sur les blancs qui indiquent la neige ; rien de cette verdure ne paraîtra jusqu’à ce qu’on approche le papier du feu ; mais alors les arbres sembleront se garnir de leur feuiliage, l’herbe verdira, et une scène d’été succédera à une scène d’hiver. L’inverse aura lieu lorsqu’on remettra le paysage à l’air, et presque subitement en dirigeant l’haleine dessus.
La solution d’acétate de plomb donne une encre qui apparaît en noir aussitôt qu’on expose le papier aux vapeurs exhalées par la liqueur fumante de Boyle. C’est le moyen qu’emploient les charlatans des rues pour faire croire à la multitude que la destinée de chacun peut être écrite d’une manière magique : ils font extraire d’une roue un rouleau de papier sur lequel ils ont écrit en caractères invisibles leur prétendu pronostic ; iis plongent le papier dans un bocal qui paraît vide, parce qu’il n’y a que quelques gouttes de liqueur fumante répandues sur les parois. Aussitôt le sort se révèle en caractères noirs, Qui ne sont autre chose que du sulfure de plomb, résultat de la réaction des deux ingrédients.
Le jus d’oignon, ainsi que l’acide sulfurique étendu de dix fois son poids d’eau, donnent une encre sympathique ; à l’approche du feu, elle apparaît sur le papier en caractères bruns, qui ensuite ne peuvent plus disparaître.
Une solution d’hydrochlorate d’or développe des caractères de couleur pourpre lorsque l’on passe sur le papier une solution d’hydrochlorate d’étain ; l’infusion de noix de galle produit un noir intense par le contact d’une solution de peroxyde de fer, etc.