Fête des ânes

  • Encyclopédie de famille

Ânes (Fête des). C’était une représentation de la fuite de la Vierge Marie en Égypte. On la croit originaire de Vérone. La tradition disait que l’âne qui avait porté Jésus-Christ à son entrée à Jérusalem n’avait pas voulu vivre en cette ville après la passion de son divin écuyer ; qu’il avait marché sur la mer, aussi endurcie que sa corne ; qu’il avait pris son chemin par Chypre, Rhodes, Candie, Malte et la Sicile, et que de là il avait mis pied à terre à Aquilée, et s’était établi à Vérone, où il avait vécu longtemps. De Vérone, la fête des ânes se répandit dans les différents diocèses de la naïve chrétienté du moyen âge. En France, on la célébra d’abord à Beauvais. On choisissait une jeune fille bien apparentée, la plus belle qui se pût trouver ; on la faisait monter sur un âne richement harnaché ; on lui mettait entre les bras un joli enfant : elle figurait ainsi la Vierge et le divin Enfant qui, du fond d’une crèche avait sauvé le monde. Dans cet état, suivie de l’évêque. et du clergé, elle marchait en procession depuis la cathédrale jusqu’à une autre église, entrait dans le sanctuaire avec sa modeste monture, allait se placer près de l’autel, du côté de l’Évangile, et assistait à la messe. Celle-ci terminée, on retournait dans le même ordre au point du départ.

Dans beaucoup d’endroits au moyen âge, on amenait encore un âne à l’église le jour de Noël pour figurer à la crèche, malgré les défenses de plusieurs conciles. À l’entrée du parvis on présentait à l’animal le glaive qui l’avait arrêté sous Balaam ; mais souvent le clergé le laissait passer par indulgence pour le paysan. L’âne avait été présent à la naissance de l’enfant Jésus ; il avait porté le Christ à son entrée à Jérusalem. On avait composé pour ces cérémonies une prose naïve, on la lui chantait :

À genoux ! et dis Amen !
Assez mangé d’herbe et de foin.
Amen ! encore une fois.
Laisse les vieilles choses, et va !

Enfin l’Église bannit tout spectacle mondain de la maison de Dieu, et les animaux durent cesser d’y entrer.