Fleuve des Amazones

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Amazones (Fleuve des). C’est le plus grand fleuve du monde : il traverse d’occident en orient toute l’Amérique méridionale. Les Indiens l’appellent Guiena ; les Espagnols et les Portugais, Orellana ou Maranon. On fixe communément son origine au confluent de ses deux branches supérieures les plus considérables, le Toungouragua et l’Ucalayé, à Saint-Miguel-Yarrupa (Pérou). Son cours, depuis ce point jusqu’à son embouchure dans l’océan Atlantique, est d’environ 3,000 kilomètres ; son développement total serait de plus de 6,000 kilomètres en y comprenant le cours du Toungouragua, et d’environ 7,500 kilomètres en le faisant commencer aux sources les plus éloignées de l’Ucalayé. Dans toute son étendue, l’Amazone coule entre des rives basses et sur lesquelles il déborde à une distance considérable à l’époque des crues. Ses bifurcations nombreuses forment une multitude d’îles. À 1,100 kilomètres de son embouchure, sa largeur varie de 2 à 9 kilomètres ; près de son embouchure elle est de 275 kilomètres. Sa profondeur, qui varie de 30 à 40 brasses, terme moyen, est de 100 brasses à son embouchure. L’île du Marajo sépare l’Amazone du Rio-Para ; elle a environ 660 kilomètres de tour : on y élève de nombreux troupeaux de chevaux, de mulets et de bœufs appartenant aux Brésiliens. « C’est depuis cette île jusqu’au cap Nord, dit M. Lacordaire, que le flux de la mer offre un terrible phénomène connu dans le pays sous le nom de pororoca. Pendant les trois jours les plus voisins des pleines et des nouvelles lunes, temps des plus hautes marées, la mer, au lien d’employer près de six heures à monter, comme à l’ordinaire, parvient en une ou deux minutes à 15 mètres de hauteur. La pororoca s’annonce par un bruit effrayant, qui s’entend de quatre à huit kilomètres de distance. À mesure que le flot approche, le bruit augmente, et bientôt on voit une lame d’eau de quatre à cinq mètres de hauteur, puis une autre, puis une troisième et quelquefois une quatrième qui se suivent de très près, et qui occupent toute la largeur du canal. Cette lame avance avec une rapidité prodigieuse, en balayant tout ce qui se trouve sur son passage. De grands espaces de terrain, des arbres immenses sont emportés. Partout où elle passe, rien ne peut résister à son impétuosité. Les embarcations n’ont d’autres moyens de salut qu’en mouillant dans un endroit où il y a beaucoup de fond, et avec de longs câbles. » On s’aperçoit à 360 kilomètres de distance du déversement du fleuve des Amazones dans l’Océan ; il produit un courant dont la force est telle qu’il repousse les navires au large, et diminue le goût salé des eaux delà mer. À l’aide de ses affluents, le fleuve des Amazones joint, de l’est à l’ouest, l’océan Atlantique au Pérou, et, du nord au sud, les provinces du Brésil central à celles de la Colombie septentrionale. Près de deux cents rivières, la plupart aussi larges que nos fleuves d’Europe, se jettent dans son lit. Les contrées qu’il parcourt sont les plus fertiles et les plus belles de l’Amérique méridionale, malheureusement encore inhabitées pour la plupart.

Le nom de fleuve des Amazones lui a été donné parce qu’Orellana, qui le premier l’a descendu, en 1539, prétendait avoir eu a combattre une multitude de femmes armées qu’il trouva sur ses bords. Ce fut Vincent-Yanez Pinzon qui le premier découvrit, en 1499, l’embouchure de l’Amazone. La Condamine a exploré ce fleuve en 1743 et 1744, et beaucoup d’autres depuis lui. Humboldt a constaté la communication naturelle de l’Amazone avec l’Orénoque par le Cassiquiari, qui donne à la fois dans ce fleuve et le Negro, affluent de l’Amazone.