Julien l’Apostat
- Dictionnaire infernal
Julien l’Apostat, né en 331, empereur romain, mort en 363. Variable dans sa philosophie, inconstant dans sa manière de penser, après avoir été chrétien, il retomba dans le paganisme. Les ennemis seuls de l’Église ont trouvé dans quelques qualités apparentes des prétextes pour faire son éloge. Ce sage consultait Apollon et sacrifiait aux dieux de pierre, quoiqu’il connut la vérité. Les démonomanes l’ont mis au nombre des magiciens ; et il est vrai qu’il croyait fermement à la magie, qu’il attribuait à cette puissance les miracles de Notre-Seigneur, dont il n’était pas assez stupide pour nier l’évidence, et il expliquait de la même manière les prodiges que Dieu accordait alors encore à la foi ferme des chrétiens. Enfin, avec Maximus et Jamblique, il évoquait les esprits, consultait les entrailles des victimes et cherchait l’avenir par la nécromancie. Il avait des visions : Ammien Marcellin rapporte que peu avant sa mort, comme il écrivait dans sa tente, à Limitation de Jules César, il vit paraître devant lui le génie de Rome avec un visage blême.
Il fut tué par un trait que personne ne vit venir, à l’âge de trente-deux ans. Ennemi acharné de Jésus-Christ, il recueillit, dit-on, en tombant, un peu de son sang dans sa main et le lança vers le ciel en disant : « Tu as vaincu, Galiléen ! » Après sa mort, on trouva dans le palais qu’il habitait des charniers et des cercueils pleins de têtes et de corps morts. En la ville de Carres de Mésopotamie, dans un temple d’idoles, on trouva une femme morte pendue par les cheveux, les bras étendus, le ventre ouvert et vide. On prétend que Julien l’avait immolée pour apaiser les dieux infernaux auxquels il s’était voué, et pour apprendre par l’inspection du foie de cette femme le résultat de la guerre qu’il faisait alors contre les Perses.
La mort de l’Apostat fut signifiée, dit-on, dans plusieurs lieux à la fois, et au même moment qu’elle advint. Un de ses domestiques, qui allait le trouver en Perse, ayant été surpris par la nuit et obligé de s’arrêter dans une église, faute d’auberge, vit en songe des apôtres et des prophètes assemblés qui déploraient les calamités de l’Église sous un prince aussi impie que Julien ; et un d’entre eux, s’étant levé, assura les autres qu’il allait y porter remède. La nuit suivante, ce valet, ayant vu dans son sommeil la même assemblée, vit venir l’homme de la veille qui annonça la mort de Julien. Le philosophe Didyme d’Alexandrie vit aussi en songe des hommes montés sur des chevaux blancs, et courant dans les airs en disant ; « Annoncez à Didyme qu’à cette heure Julien l’Apostat est tué. »